Rythmes scolaires : un bilan du Sgen-CFDT reçu en audition au Sénat le mercredi 1er février.

Le Sénat a invité les organisations syndicales pour échanger autour de la Réforme des Rythmes, trois années après sa mise en place. Le Sgen-CFDT y a été reçu au titre de syndicat général qui syndique des enseignants comme des IEN. Une vision globale de la Réforme qui va au-delà du corporatisme.

Le Sgen-CFDT a rappelé que, s’il était demandeur d’une réforme globale des rythmes de l’enfant, ce qui a été mis en place ne correspondait pas à son projet. Ceci a conduit le Sgen-CFDT a s’abstenir à l’occasion des votes en CSE et en CTMEN des textes de cette réforme.

Pourquoi le discours catastrophiste de certaines organisations syndicales n’est pas audible?

Des organisations syndicales considèrent que cette réforme est responsable d’une dégradation des conditions de travail et la cause de tous les maux du système éducatif. L’explication des difficultés dans nos écoles est-elle si simple? Le Sgen-CFDT fait , quant à lui, une tout autre analyse. Les collègues ressentent une dégradation des conditions de travail. Oui mais ceci est le fait du manque d’autonomie,  de l’empilement d’injonctions hiérarchiques contradictoires, de l’évolution du métier et des nombreuses adaptations nécessaires. Une véritable réforme des temps de l’enfant menée dans la concertation aurait pu permettre de faire face à cela, notamment par une meilleure répartition du temps de face à face élève. Nous souffrons donc bien du fait d’être au milieu du gué plutôt que d’être allés trop loin. Contrairement aux propos outranciers de quelques officines syndicales, notre bonheur professionnel ne réside pas dans un retour pur et simple à la semaine de 4 jours. Bien au contraire. Il s’agit donc de considérer tous les temps de travail des enseignants.

Une réforme nécessaire mais une concertation trop souvent absente

Pour le Sgen-CFDT, une réforme des rythmes éducatifs était nécessaire. Elle a été menée avec volontarisme. Ainsi, aujourd’hui, de nombreux territoires s’en sont saisis pour permettre une réflexion sur l’enfant. Elle a permis de réunir l’ensemble de la communauté éducative autour d’objectifs communs. Partout où la concertation en amont a été menée et que les choses n’ont pas été imposées par l’un ou l’autre des acteurs, les équipes se sont emparées de cette réforme. On assiste ainsi sur ces territoires à de vraies réussites, des échanges, voire des projets communs à tous les temps. Evidemment là où la mauvaise volonté a été de la partie, notamment du point de vue des collectivités, avancer aura été plus difficile.

Des enseignants qui se sont emparés de cette réforme mais qui n’ont pas été entendus sur son organisation

Aujourd’hui les équipes enseignantes se sont emparées de cette réforme. Ainsi, les enseignants soulignent que la cinquième matinée est un vrai plus pour les apprentissages. Et même si de nombreux points restent à améliorer il ne faut surtout pas casser cette dynamique par un simple retour en arrière. Cela serait catastrophique et démobilisateur.

Une réforme des rythmes qui a permis à l’école de s’ouvrir sur son territoire

Le Sgen-CFDT considère que cette réforme n’a été que le révélateur des inégalités territoriales existantes. Ainsi, avant 2014,  seuls 25 % des enfants avaient une activité en dehors de la classe. Grâce à ce qui a été mis en place, c’est 80 % des enfants qui peuvent bénéficier d’activités extra-scolaires. Le milieu associatif local s’est également saisi de ce temps pour enrichir les activités proposées notamment en milieu rural. Des activités qui ont replacé l’école au centre des préoccupations locales !

Tout n’est pas rose, loin s’en faut !

Le problème tout d’abord du pilotage national de la réforme qui a entraîné un manque de concertations locales. Le Sgen-CFDT déplore l’absence de concertation véritable de tous les acteurs au niveau national tout d’abord puis au niveau local pour la mise en œuvre.

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Rythmes scolaires : une réforme encore inaboutie !

Ensuite, bien souvent, les rythmes scolaires ne sont pas les rythmes de l’enfant. Il faut maintenant une réelle réflexion globale sur tous les temps. La mise en oeuvre doit s’accompagner de concertations pour construire des projets. Des projets qui assureront une continuité du dispositif sur la journée entre les différents acteurs de la communauté éducative !

Ne devrait-on pas ainsi avoir des rythmes en fonction de l’âge de l’enfant.? Un enfant de CM2 doit-il avoir le même rythme qu’un enfant de Petite Section maternelle ?

Un PEDT qui sorte des logiques financières pures

Pour le Sgen-CFDT, la Réforme des rythmes éducatifs doit donc être renforcée, contrôlée notamment dans les fonds distribués aux collectivités territoriales. Il faut continuer de former les enseignants, les animateurs sur la complémentarité des temps, sur la nécessité de travailler ensemble à la réussite des élèves, des enfants autour d’un projet éducatif commun (qui reste à construire dans un collectif de travail déterminé).

Des formations voient le jour ici ou là sur le territoire. Elles sont très demandées par les collègues, preuve que ces enseignants se sont saisis de l’intérêt de la réforme.

La structure de concertation doit être au plus près du territoire

Cette structure comme le PEDT pose problème. On se trouve aujourd’hui face, soit à un dictat des Municipalités, soit de l’institution scolaire. Ainsi les PEDT, signés entre la Mairie et le DASEN, l’ont souvent été sans concertation avec les enseignants et les acteurs périscolaires. Les objectifs de ces PEDT sont souvent comptables pour garantir le financement pour les communes. Il en va de même aujourd’hui des Groupes d’Appuis Départementaux qui oublient les personnes directement concernées : parents, enseignants et animateurs. Il faut sortir de cette simple logique d’opposition des intérêts.

Le Décret Hamon est une hérésie pour le rythme de l’enfant s’il n’est pas accompagné d’une concertation forte de tous les acteurs

L’arrivée en 2014 du Décret Hamon est venu renforcer le déséquilibre de la semaine. Et ce notamment quand la demi-journée libérée a été positionnée le vendredi après midi. Ceci conduit à l’augmentation du temps de weekend dont on sait que la longueur est préjudiciable aux apprentissages. Ce temps de rupture plus important entraîne une fatigue des enfants supplémentaire au retour en classe le lundi matin. Si une souplesse devait être donnée, on ne peut accepter qu’elle soit contraire à l’objectif fondamental de l’étalement du temps scolaire pour un temps de qualité. C’est donc dans la réflexion de proximité  sur tous les temps que l’on doit donner plus d’autonomie au territoire et aux écoles. Une concertation est indispensable entre l’ensemble des acteurs de la communauté éducative afin de construire des projets cohérents pour l’enfant.

Le Sgen-CFDT a également mis en avant la problématique spécifique de l’école maternelle. Le rythme imposé y est très souvent inadapté. 

Une nécessité : avancer sur le statut de l’école

Mais cette réforme a aussi montré la nécessité d’avancer sur la notion d’établissement du premier degré. Tout se passe au plus près des territoires, dans les écoles, et c’est à cet endroit que doivent se prendre les décisions. Il faut donc pour l’école une autonomie plus importante, affirmée et reconnue. La Municipalité a besoin d’un interlocuteur privilégié qui soit investi sur tous les temps pour permettre cette complémentarité.

Pour le Sgen-CFDT, c’est un enjeu majeur de la réussite des élèves, de l’amélioration des conditions de travail des personnels.  Une ambition partagée par l’OCDE dans son analyse sur l’école française.