Le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement début 2023 suscite une forte hostilité. La CFDT appelle à se mobiliser massivement contre ce projet. Voici pourquoi.
1) Une réforme injuste
En repoussant l’âge légal de la retraite à 64 ans, la réforme Borne/Macron touche davantage certains travailleur·ses que d’autres. En l’occurrence, ce sont celles et ceux qui sont proches de la retraite et surtout celles et ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ou 22 ans qui seront touché.es. Or ces travailleur·ses sont aussi souvent celles et ceux qui occupent les emplois les moins rémunérés, les plus éreintants et dont l’espérance de vie en bonne santé est la plus faible. Ce sont aussi celles et ceux qui ont pour beaucoup permis à notre société de tenir au moment de la pandémie de Covid.
2) Une réforme inégalitaire
La réforme proposée ne touchera pas de la même façon les différentes classes sociales. Elle ne touchera pas non plus de la même manière les femmes et les hommes. Ainsi, les femmes seront majoritairement touchées par le relèvement de l’âge légal. On estime par exemple que les femmes de la génération 1972 devront travailler 9 mois de plus contre 5 mois pour les hommes de la même génération.
3) Une réforme inutile
Le système de retraites par répartition français n’est à ce stade pas menacé ! Ce n’est pas seulement la CFDT qui le dit, mais bien le président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), qui est un service gouvernemental. S’il y a un risque de déficit pour les prochaines années, il est plus que probable que celui-ci se résorbe à l’avenir dans les conditions actuelles. En effet, le déficit projeté de 12 milliards d’euros pour 2027 ne représente en réalité que 3 % des dépenses de retraites par an (s’élevant à 324 milliards). Et sur les 4 scénarios prévus par le COR pour les années suivantes, 3 prédisent que ce déficit va se résorber. L’effort demandé par le gouvernement est ainsi non seulement injuste, il n’est à ce stade pas utile.
4) Une réforme inefficace
Repousser l’âge légal peut permettre de faire rentrer davantage de cotisations et de payer moins de pensions… en théorie ! Car en pratique, seuls 56% des Français de 55 à 64 ans sont en emploi. Le chômage massif des séniors est un coût important pour l’assurance chômage (et risque donc de s’aggraver avec la réforme) et un manque pour les caisses de retraite. Repousser l’âge légal sans traiter ce sujet, c’est risquer simplement de faire passer le déficit du système de retraites à l’assurance chômage. À l’opposé, trouver de vraies solutions pour améliorer l’emploi des séniors permettrait de combler largement le léger déficit actuel. Ça tombe bien, la CFDT a des propositions en ce sens.
5) Une réforme inéquitable
Telle qu’elle est conçue, la réforme fait peser l’intégralité de l’effort sur les actif.ves et notamment sur une partie de ceux-ci. Les entreprises, les retraité·es aisé·es ou d’autres ne sont pas mis à contribution. Cette inégalité ne peut pas être socialement acceptable.
6) Une réforme qui ne règle rien
La CFDT est partisane depuis de longues années d’une réforme des retraites. Et oui ! Car notre système actuel est injuste. Il est injuste pour les femmes dont les pensions sont en moyenne 41% inférieures à celles des hommes. Il est injuste pour tous les personnels polypensionné·es (qui ont cotisé à plusieurs caisses de retraite différentes) puisque les règles de calcul leur sont très fortement défavorables. Ces polypensionné·es représentent plus d’un tiers de la population ! Malgré de timides avancées sur le montant des pensions les plus faibles, la réforme proposée ne règle rien de ces soucis structurels de notre système de retraite. Pire, elle renforce encore certaines de ces injustices.
La CFDT a quant à elle des propositions pour un système plus juste et plus solidaire.
Voilà donc 6 raisons (et il y en a d’autres) de se mobiliser fortement le 31 janvier prochain pour dire à nouveau fortement NON à ce projet de réforme des retraites !