Suite de l'occupation des locaux de la Censive, l’intersyndicale a transmis une lettre ouverte à la préfecture pour lui redire son opposition à toute intervention policière sur le campus de l'université de Nantes. Mais...
La préfecture ordonne l’évacuation (mercredi 7 mars 2018).
Des articles parus en début de semaine rappelaient la demande de table ronde de l’intersyndicale … Les forces de l’ordre sont pourtant intervenues ce mercredi 7 mars pour expulser les demandeurs d’asiles qui occupaient les locaux depuis fin novembre 2018…
Évacuation imminente annoncée en début de semaine (article PO 6 mars)
Évacuation du mercredi 7 mars à 7 heures (PO Internet)
Le Sgen-CFDT s’était pourtant engagé…
Voici le texte que nos collègues Yves Pouzaint, Jean-Claude Boldrini, Jean-Yves Roux et Philippe Menuet, de la section Sgen CFDT de l’université de Nantes, ont rédigé.
Nous vous invitions à en faire une large diffusion… Ce texte reste toujours, malheureusement, d’actualité.
Université de Nantes
Entre soixante et cent personnes hébergées depuis le 19 novembre, à l’Université de Nantes, dans deux locaux de plus de 1000 m2.
Plus de 300 personnes, majoritairement des migrant(e)s, sont en attente d’un hébergement sur la métropole Nantaise : des mineurs, des adultes, des femmes et des enfants ainsi que des personnes sans domicile fixe. Cette situation peut s’aggraver si de nouvelles personnes arrivent sur la région, ou si un lieu disparaît. L’École des Beaux-Arts, au centre-ville, par exemple, a été évacuée fin novembre après 24 heures d’occupation. C’est après cela que des personnes sont arrivées à l’Université et en occupent deux locaux (Censive et « Château »).
L’intervention de la présidence d’Université, du collectif de soutien, de l’intersyndicale (CGT, CFDT, SUD, FO, UNSA) et d’associations partenaires (Médecins du monde, Cimade…) a permis d’offrir temporairement aux personnes hébergées un toit, une aide matérielle immédiate (notamment matelas, matériel de cuisine, provisions et vêtements), une relative sécurité (pas d’intervention policière), en un mot des conditions minimales d’hébergement en une période où les conditions météorologiques sont difficiles.
Mais cette situation peut-elle perdurer ?
Nous ne pouvons que constater que L’État (et ses représentants) refuse, au niveau local, de s’engager au-delà des dispositifs déjà en place, malgré les difficultés que rencontre l’Université, alors que c’est sa responsabilité de prendre en charge la question « de l’accueil des Migrant(e)s » et des personnes en attente d’hébergement, afin d’aider les acteurs locaux à trouver des solutions pragmatiques. Pire, l’État, via ses représentants, semble bloquer les solutions qui pourraient être trouvées en refusant de réunir toutes les parties prenantes impliquées.
Au niveau national, le gouvernement fait de la communication, comme sur beaucoup d’autres dossiers en cours, pourrions-nous dire. Les solutions ne sont pas là, pire les décisions prises aggravent de ce que nous avons pu connaître jusqu’alors :
- Les personnes venant en soutien aux migrant(e)s sont poursuivies en justice.
- Le gouvernement prépare une « loi migrants » avec notamment la mise en place de contrôles au sein des centres d’accueil, proposition de loi pour laquelle 30 associations œuvrant pour l’aide aux personnes migrantes et sans domicile (reçues par le premier ministre) sont en totale opposition.
- Le gouvernement n’apporte pas de réponse globale, mais il n’apporte pas non plus l’aide indispensable aux collectivités locales. Celles-ci se sont déjà engagées concrètement, ou ont fait des propositions :
- Cf. tribune des maires de grandes villes dans Le Monde du 17/12
- Même si ce n’est pas suffisant, la Ville de Nantes assure actuellement l’accueil de plus de 300 personnes.
Les services locaux de l’État (notamment le service 115) orientent les personnes sans hébergement vers les locaux actuellement occupés de l’Université…
L’Université de Nantes ne peut pas supporter seule, sur la durée, l’accueil des personnes migrantes et/ou sans domicile de la métropole nantaise. Des solutions doivent être trouvées et l’État doit prendre toutes ses responsabilités en relation avec tous les acteurs locaux, notamment l’intersyndicale de l’Université. »
Accueil des migrants à l’université de Nantes : l’État doit prendre ses responsabilités
Chronologie de l’occupation de l’université de Nantes
Après l’école des Beaux-arts, après des salles de la fac à Censive, c’est le château du Tertre près de l’Erdre qui est désormais occupé pour l’accueil des jeunes migrants, à Nantes, depuis dimanche 26 novembre 2017.
Le président de l’université Olivier Laboux a décidé la fermeture du bâtiment Censive, occupé par les soutiens aux migrants isolés et leurs soutiens, ce mardi 12 décembre 2017. (article Ouest France)
La présidence de l’université a finalement suspendu cette requête, ce jeudi 14 décembre.(article Ouest France 14 décembre)
lettre du Sgen-CFDT Univesité de Nantes au Président de l’université (jeudi 15 décembre)
Campus occupé : l’évacuation suspendue ( Ouest France 15 décembre 2017)
Campus occupé : récit d’une reculade (Ouest France 16/17 décembre 2017-1)
Opération « Duos de demain »
L’association « France Terre d’Asile » propose une opération de parrainages citoyens de réfugiés politiques pour pallier la défaillance de l’État ( la préfecture de Loire-Atlantique) dans l’accueil et le suivi des 600 migrants ayant obtenu l’asile politique sur le territoire nantais. Le préfet refuse de rencontrer la CFDT. Le Sgen-CFDT a relayé cette opération de parrainage en diffusant la lettre de Franck Truong, Secrétaire Général de la CFDT en Loire Atlantique à ses adhérents.
Ce sont à ce jour des familles Syriennes en situation régulière sur le territoire ayant obtenu le statut de réfugiés bénéficiaires d’une protection internationale et accompagnées socialement qui sont preneuses de ce moment de lien social et d’échanges informels.
Livret de parrainage France Terre d’Asile
Plus d’infos sur le site de France Terre d’Asile
Le site du Sgen-CFDT Pays de Loire parle aussi des mineurs isolés