Compte-tenu de l'état de bon nombre d'établissements scolaires, les recommandations du ministère de l’Éducation nationale lors de l'épisode caniculaire de juin 2017 s'apparentent à des injonctions paradoxales. Le Sgen-CFDT a interpellé le ministre à ce sujet lors du comité technique ministériel.
Le Sgen-CFDT est intervenu sur la gestion de l’épisode de canicule à l’occasion du comité technique ministériel de juin 2017. Pour sortir des injonctions paradoxales, nous avons fait des propositions dont le ministère va se saisir.
Les recommandations du ministère sur la canicule
Pour faire face à la canicule, le ministère de l’Éducation nationale a diffusé des « recommandations aux directeurs d’écoles et aux chefs d’établissement » sur son site. Une infographie a aussi été diffusée sur les réseaux sociaux.
Pour le Sgen-CFDT, le ministère est bien dans son rôle lorsqu’il diffuse des recommandations pour accompagner les personnels afin de faire face à une situation météorologique particulière.
Cependant, diffuser et médiatiser des recommandations sans s’assurer que les personnels disposent des moyens de les mettre en œuvre les place dans une situation délicate. Les directeurs et directrices d’école, comme les chef.fe.s d’établissement sont à même d’assumer leurs responsabilités pour ce dont ils sont responsables et à la hauteur des moyens qui sont les leurs. Or beaucoup d’écoles et d’établissements ne disposent pas de volets, de ventilateurs ou de climatiseurs. Il est parfois impossible d’aménager une pièce fraîche tant l’isolation des bâtiments n’a pas toujours été une priorité dans notre pays. Ces aménagements, ces équipements ne sont pas de leur ressort, et ce n’est pas en quelques jours que le dialogue avec les collectivités locales permettra de résoudre le problème. C’est donc une forme d’injonction paradoxale qui est faite aux personnels.
L’interpellation et les propositions du Sgen-CFDT
Beaucoup de collègues du premier et du second degrés nous ont interpellés sur les malaises de collègues et d’élèves pendant ces journées de très forte chaleur. Les locaux des services déconcentrés ne sont pas tous bien isolés thermiquement non plus. Aussi nous avons soulevé ces questions lors du comité technique du 21 juin 2017 :
La vague de forte chaleur entraîne des difficultés, d’exercice dans les établissements scolaires pour les personnels, et d’étude pour les élèves. La diffusion des consignes du plan canicule, pour indispensable qu’elle soit, place les personnels dans une situation paradoxale : il n’est pas toujours possible de les mettre en œuvre. Tous les établissements ne disposent pas loin s’en faut des installations permettant de fermer les volets et de ventiler les classes.
De tels épisodes climatiques sont appelés à se reproduire. Il convient d’envisager avec toutes les parties prenantes, d’une part les voies et moyens d’équiper de manière pertinente et adaptée les établissements, et aussi d’envisager comme en Allemagne la suspension du service quand ses conditions de réalisation ne sont tenables ni pour les usagers ni pour les professionnels, et donc de structurer les modalités de prise de décision en articulant les différents niveaux de responsabilité institutionnelle.
Il ne faut pas se le cacher, c’est le début d’une ère de réchauffement et nous avons tous intérêt à anticiper sur la météo à venir si nous voulons travailler dans de bonnes conditions jusqu’à la fin de l’année scolaire. Cela suppose de prendre à bras le corps les questions d’anticipation en tenant compte des prévisions et des vigilances météorologiques mais aussi les questions de bâtis scolaires et d’équipement des établissements. Cela suppose un travail articulant l’État (qui doit impulser, cadrer par des règlements concernant par exemple les cahiers des charges relatifs à ses locaux) et les collectivités territoriales. Il faut aussi structurer une chaîne de décision pour adapter le service aux épisodes extrêmes tant que les locaux ne permettent pas de maintenir une température propice au travail.
Réponse de l’administration
Le ministre de l’Éducation nationale a reconnu la légitimité de l’interpellation. Pour Jean-Michel Blanquer, il y a un travail à mener à l’avenir sur le moyen et long terme sur ces questions, y compris sur la question de conception des bâtiments. Et beaucoup à faire avec les collectivités locales.
Le ministre ayant dû quitter la séance, c’est ensuite Frédéric Guin, secrétaire général du ministère, qui nous a répondu. Il saisit nos propositions de travailler à structurer la réflexion et les modalités de prise de décision en partant de l’analyse de l’épisode caniculaire. Il partage l’idée que dans le contexte de réchauffement climatique, un travail moyen et long terme et une réflexion sont indispensables. Ces réflexions doivent porter aussi bien sur les travaux de fond comme sur l’équipement des locaux et la conception des locaux, mais aussi la définition de modalités de prise de décision pour adapter le service en observant les pratiques dans d’autres pays. L’idée n’est pas nécessairement de transposer les pratiques d’un autre pays, mais de s’en inspirer pour les adapter à notre contexte institutionnel et social.