Manque de remplaçants dans les écoles et protocole ?

Comment gérer le manque de remplaçants tout en respectant le protocole ? Comment prioriser ? C'est un casse-tête qui place chaque matin toutes les équipes dans le doute... dans la souffrance...

Quelles sont les priorités quand on manque de moyens ? Tout en respectant le protocole ? Comment gérer le manque de remplaçants ? C’est un casse-tête qui place chaque matin toutes les équipes dans le doute. Et ce doute est une souffrance psychologique que l’on ne peut pas ignorer.

Manque de remplaçants : du doute à la souffrance

Le service de remplacement

Le service de remplacement doit faire des choix dans sa gestion de la pénurie.

Et il est certain que pour les quelques personnes qui orientent les remplaçants, il y a des choix difficiles à faire.

Je ne voudrais pas être à leur place.

Le non-brassage des groupes est la règle. Il faudrait un enseignant dans chaque classe à l’ouverture du portail chaque matin, mais quand il y a des absents non remplacés ? Et comme il n’y a pas assez de remplaçants…

Manque de remplaçants dans les écoles

Dans les écoles, l’incertitude est la règle. Pourtant, le doute n’est pas permis parce que l’on ne peut pas brasser les élèves. Lorsqu’un remplacement n’est pas confirmé pour le lendemain, des informations sont envoyées par les directrices et directeurs aux familles pour leur demander s’il est possible de garder l’enfant à la maison et réduire ainsi le nombre d’élèves présents. Et encore, lorsqu’il est possible d’accueillir un petit nombre d’élèves dans une salle attenant à une classe occupée par un·e enseignant·e. Lorsque l’absence d’un enseignant est annoncée le matin, c’est souvent l’enseignant en question qui informe ses familles.

Les membres de l’équipe présents sont dans le doute : y aura-t-il un remplaçant ? Si oui, dans ce cas, on rappelle dans les familles pour dire que les enfants peuvent (re)venir.

L’IEN est contacté pour l’annonce de l’absence d’un enseignant pour cas covid. Il arrive que l’IEN suggère que l’accueil de la classe soit fait par l’ATSEM ou l’AESH, ce qui n’est pas réglementaire. C’est un peu « on fait avec les moyens du bord », sauf que nous sommes dans le cadre de la loi, et de la responsabilité individuelle et professionnelle, avec des règles inapplicables. Ça, c’est de la souffrance et une fatigue sans nom pour les directrices et directeurs d’école. Nombreux ont été ceux qui ont craqué ces deux derniers mois.

Côté remplaçantsmanque de remplaçants

Chez les remplaçants, le doute est chaque jour, parce que certains sont retirés d’un remplacement pour faire une journée dans un coin du département, pour assurer le remplacement d’une formation étiquetée « remplacée ». Certains remplaçants sont pourtant sur des remplacements longs, comme s’ils étaient dans leur propre classe et on leur demande de quitter immédiatement leur classe pour aller ailleurs. C’est une vraie souffrance qui prend la forme d’incompréhension et de manque de respect de ce qu’ils font au moment où on leur demande de partir.

Dans ce contexte difficile, vous déplacez une remplaçante qui faisait l’affaire et que tout le monde voulait voir rester pour placer quelqu’un d’autre à sa place. Cela déstabilise encore plus les équipes qui ont besoin de se ressouder en ce moment.

Situation ubuesque

Le sentiment profond dont souffre notre profession, c’est le mépris.

On nous demande d’accueillir les enfants, surtout pour que les parents aillent au travail. Tout le monde sait que nous faisons au mieux et ferme les yeux, parce que les textes officiels et les protocoles sont inapplicables.

Les enseignants font de leur mieux, dans le souci d’assurer au maximum la présence des élèves à l’école. Mais le Covid se charge de mettre à l’écart une partie de la classe chaque jour, chaque semaine. Et chaque enseignant se pose la question de ce qu’il doit faire : comment avancer sereinement dans les programmes et ne pas creuser l’écart avec les élèves en difficulté.

Il y a des familles qui ne mettent plus leur enfant à l’école, par crainte qu’il attrape le covid. Il y a celles qui ne veulent pas faire subir un test à leur enfant. À l’inverse, des enfants dont les parents sont positifs reviennent à l’école parce que ces enfants présentent des tests négatifs, jusqu’au jour ou le test devient positif. Idem pour les enseignants qui ont mari ou femme et enfants malades du covid à la maison, mais qui doivent revenir à l’école, car leur autotest est négatif, jusqu’au jour où il devient positif.

Leur autotest est négatif, jusqu’au jour où il devient positif.

L’école devient le lieu de contamination, et ce n’est pas facile à vivre, pas facile à accepter. Nous peinons à faire notre métier d’enseignant dans ce contexte très tendu. Notre employeur, l’Éducation Nationale, ne fait pas le maximum pour protéger notre santé. Que ce soit un problème de contamination ou un problème de pression ressentie en permanence sur les équipes pour accueillir les élèves, vérifier les tests. La conscience professionnelle des enseignants est mise à mal. C’est aussi une souffrance.

QUESTIONS sur le manque de remplaçants posées au Dasen 49

Quelles sont les priorités quand on manque de moyens ? Tout en respectant le protocole ? Quel protocole ? Comment gérez-vous le manque de remplaçants ?

Réponse du Dasen : (Il a éludé une grande partie de mes interrogations, notamment sur les consignes des IEN qui sont parfois à la limite des réglementations et lois, des attributions des personnels.)

L’institution fait tout ce qu’elle peut. Elle est consciente que les professionnels peuvent en souffrir.

C’est tout à fait cohérent d’aller à l’école à J0 si on est négatif. Même si la situation est anxiogène, on peut aller au travail en se sentant protégé (grâce à la couverture vaccinale et aux gestes barrière).

La gestion de l’urgence. La veille, il faut anticiper les absences des uns et des autres, un tableau est complété. Pour avoir une anticipation des remplacements. La priorité va toujours aux écoles « gyrophares » (de 1 à 3 classes).

Il redit que pour lui il n’y a pas de brassage des élèves s’ils sont au fond d’une autre classe.

En cas de questions supplémentaires, il faut s’adresser soit à l’IEN, soit à la cellule covid.

Bonus

Je vous informe de ce qui s’est passé ce matin pour un remplaçant et qui concerne toute une chaîne d’information.
Ce remplaçant avait annoncé dans les temps à son IEN son intention de faire grève le 27 janvier. Il a aussi informé le service des remplaçants qu’il serait donc indisponible, car gréviste, le lendemain, le jeudi.
En fin de matinée, le service des remplaçants l’appelle pour lui dire où il a été positionné le lendemain. Il rappelle qu’il est gréviste. On lui répond qu’on doit l’informer de son positionnement. Il rétorque que c’est du temps perdu pour tout le monde.

Sauf que, l’école en manque de personnel attendra ce remplaçant le 27 janvier, alors qu’il est gréviste…

Le remplaçant appelle l’école à 11 h 45 (coup de chance, c’est une école qui travaille le mercredi matin !). Cette école a en effet été informée par la secrétaire de circo de l’arrivée de ce remplaçant le lendemain et l’école était prête à envoyer un message pour rassurer les familles.

L’école a remercié le remplaçant pour l’avoir informée à temps et devait relancer la secrétaire de circonscription.

C’est honteux ! Quel mépris ! À l’égard des remplaçants ! À l’égard des écoles ! À l’égard des secrétaires qui transmettent l’information !