ECE en SVT : ras le bol de la défiance généralisée ! Billet d’humeur

ECE : Evaluation des Capacités Expérimentales, une épreuve dans l’épreuve, instituée depuis des années pour prendre en compte d’autres compétences que l’écrit au baccalauréat général dans les disciplines avec travaux pratiques.

Les enseignant·es de SVT, de physique-chimie, de sciences de l’ingénieur… font passer cette épreuve depuis plus de 10 ans. Et pourtant… pourtant la colère gronde, l’exaspération, le découragement, une grande lassitude et un peu de vexation au regard de la multitude des modalités contraignantes et parfois absurdes rajoutées chaque année par une administration tatillonne.

La charge de travail s’accroit chaque année un peu plus, en parallèle avec le manque de confiance accordée aux équipes.

Les ECE sous le poids des procédures

Les procédures censées assurer… Quoi ? Un traitement équitable ? La limitation des fraudes ? Le contrôle des profs ? Font perdre de vue l’objectif de cette épreuve en la noyant sous des détails insignifiants et chronophages. Des procédures qui fragmentent les responsabilités à chaque étage (circulaires nationales, rectorales, des IPR, parfois même de l’établissement). Des procédures qui en réalité font la démonstration éclatante de la défiance généralisée du système envers ses propres professionnels : les enseignants.

Ici les sujets n’ont pas été distribués pendant les vacances parce que les profs devaient couper (ah ? On comprend surtout que certain.es ont oublié que la zone B était en vacances dès le 8 avril…) retardant la réflexion nécessaire autour du choix des sujets, là on interdit aux enseignant.es contractuel.les d’évaluer les ECE alors que certain.es ont assuré les cours toute l’année en spécialité. Nouveauté de l’année : pas de grille de correction, chaque équipe devra trouver du temps collectif pour construire le barème à partir d’un cadre général de répartition des points. Avec le report des épreuves de spécialité en mai (au lieu de mars), la passation des ECE aura lieu dans la foulée des corrections des épreuves écrites, pendant les conseils de classe. Cerise sur le gâteau, alors que les modalités de ces ECE n’ont pas été encore utilisées dans certaines académies, elles vont encore changer pour 2023 pour devenir encore plus complexes, et on « invite » les collègues à se former (2h en visio…) pour ces nouvelles modalités durant ce mois de mai déjà si mité.

Les ECE face à la défiance du système éducatif

En SVT, les modalités ont souvent varié, mais globalement ces épreuves donnaient satisfaction. ll ne s’agit pas de juger les élèves sur un geste technique, mais de prendre en compte dans leur évaluation finale une partie pratique, qui reflète la maitrise (suffisante) de divers outils (microscopes, verrerie, logiciels…) pour résoudre une situation contextualisée. Cet exercice totalement artificiel et conventionnel a le mérite de prendre en compte d’autres compétences pour l’évaluation des élèves que les seules compétences écrites. Ces compétences sont travaillées tout au long de la scolarité, et plus particulièrement au lycée lors des séances en groupes.  Mais il est difficile de vouloir réaliser une synthèse des contraintes d’une épreuve unique, nationale et anonyme (des sujets identiques, des dates identiques (du 31 mai au 4 juin récupération comprise), des procédures identiques…) et des modalités diverses et adaptées à chaque lycée (des différences d’équipement notamment, la liberté pédagogique des enseignants) voire à chaque élève (adaptations diverses). L’idée de publier tous les sujets, qui pouvait fonctionner pour les E3C devenues EC (abandonnées depuis) semble absurde pour les ECE. Publier quelques exemples de sujets « modèles » oui, mais publier une banque de sujets avec interdiction de piocher dans cette banque pour travailler en classe et attendre des enseignants qu’ils construisent des situations proches pour les y entrainer, relève plus de l’absurdité que de la transparence.

Faire le choix de la confiance aux équipes

Et cette année, après deux années perturbées (et donc sans ECE), un ministère dopé aux circulaires et vade-mecum, la peur du grain de sable, les reports des épreuves tout en maintenant les autres procédures (conseil de classe, orientation…) selon le calendrier initial, on marche sur la tête : la période qui s’ouvre sera d’une exceptionnelle intensité en charge de travail. Demander aux équipes sans aucune reconnaissance financière de choisir les sujets, les tester, acheter le matériel utile, fournir la liste des élèves, réaliser un tirage au sort, prendre en compte les aménagements adéquats, et depuis cette année donc, en plus, fabriquer les corrections, pèse vraiment très lourd.

Le système cadre, encadre, surcadre et étouffe les acteurs !

Il serait pourtant bien plus raisonnable et efficace de faire confiance aux enseignants, sans faux semblants. Cela impliquerait des bilans réels a postériori sur ce qui se passe vraiment sur le terrain, puis de remettre à plat les objectifs, les modalités de ces épreuves en s’appuyant sur une concertation des acteurs (enseignants, associations disciplinaires, organisations syndicales).

Pour alléger notre charge de travail et notre charge mentale, faisons confiance, faisons-nous confiance !