Le ministère a enfin publié le calendrier du bac général et technologique. Un calendrier resserré qui posera de nouveaux problèmes.
Le calendrier du bac général et technologique 2024 a été publié au BO du 28 septembre 2023. Le ministère a semblé tergiverser entre utiliser tout le mois de juin pour les épreuves et permettre des délais de correction satisfaisants, ou concentrer les épreuves pour « reconquérir » le mois de juin. Basculer toutes les épreuves en juin a certes des avantages immédiats, et notamment le soulagement des enseignants et des élèves face à une pression ressentie l’an dernier comme une maltraitance institutionnelle. Cependant, cela pose toujours un certain nombre de problèmes qui ne peuvent pas être résolus par le simple déplacement des dates d’épreuves.
Certains examinateurs pressurés
Parmi les difficultés de ce calendrier, la superposition des épreuves de philo, les Epreuves Anticipées de Français (=EAF), de spécialité et de Grand Oral qui font appel aux mêmes correcteurs (enseignants de philosophie et de lettres). Par ailleurs, la nature des épreuves écrites rend les corrections lourdes, et, pour l’EAF, l’organisation des oraux est particulièrement pesante. Le ministère a posé les épreuves de français le 14 juin pour tenter d’élargir ce délai, mais ce n’est plus le cas pour la philo qui se déroulera la veille de la 1ère épreuve de spécialité. Par ailleurs, les programmes lourds et ambitieux sont désormais entièrement exigibles des élèves, ce qui va soulever de nouvelles difficultés.
Le Sgen-CFDT demande depuis trois ans l’ouverture d’un chantier sur les programmes. Il réclame que soient précisés leurs référentiels en terme de compétences attendues et qu’ils soient inscrits plus nettement dans la perspective du continuum bac-3 bac+3, ce qui était un des objectifs initiaux de la réforme.
Un mois de mai complet pour les apprentissages ?
Pour le Sgen-CFDT, ce calendrier 2024 du Bac GT permet d’espérer un mois de mai entièrement dédié aux apprentissages pour tous les élèves, à charge pour les autorités administratives de permettre la tenue des conseils de classe début juin, y compris pour les classes de 2nde. Par ailleurs, la possibilité de continuer à voir les élèves de terminale début juin, au moment des 1ers résultats de Parcoursup est en accord avec la mission d’accompagnement à l’orientation qui est un enjeu majeur du lycée.
Des problématiques climatiques ignorées ?
En plaçant les épreuves de spécialité sur des après-midi du mois de juin, le ministère prend le risque d’imposer aux élèves de composer dans des conditions très difficiles, avec des vagues de chaleur de plus en plus courantes. Il serait absurde de faire composer des lycéens dans des salles à plus de 30°, mais c’est ce qui va arriver si rien n’est anticipé.
L’enjeu du bac est-il soluble dans le calendrier des épreuves ?
Depuis la rentrée 2019, chaque session du bac a été différente : cette 5ème version n’est pas juste un retour à ce qui se faisait « avant », c’est une nouvelle re-reconstruction des pratiques professionnelles, avec de nouveaux enjeux, de nouvelles stratégies, de nouveaux défis.
Tout d’abord, concilier la préparation au grand oral et la préparation des épreuves terminales de spécialité va être un véritable casse-tête et une source de stress pour les élèves comme pour les professeurs.
De plus le manque de temps de préparation au grand oral en classe risque de générer des inégalités entre candidats.
Enfin l’engagement des élèves et l’image du « nouveau » bac dans la société est une inconnue : il n’y a pas si longtemps, beaucoup se désolaient d’un bac qui ne sert à rien, qui est donné à tout le monde… Quant à la pression sur les élèves, si elle ne repose plus sur la passation des épreuves en mars, elle risque d’augmenter encore pour les notes de contrôle continu qui représentent 40 % du bac, mais 100% de leur dossier Parcoursup.
Au-delà du calendrier, la nature des épreuves du bac, leur rôle dans la préparation aux études supérieures sont des questions fondamentales. Elles restent malheureusement en suspens, et sont balayées par des réponses procédurales qui continuent à ne pas faire sens.