Épreuves de spécialité du bac 2021 : le Sgen-CFDT et la FEP interpellent le ministre

Objectifs pédagogiques des épreuves et programmes, contexte sanitaire, organisation des corrections... Pour le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT les conditions pour que les épreuves de spécialité puissent être préparées sereinement par les élèves et leurs enseignants ne sont pour l'instant pas réunies...

Épreuves de spécialité du bac 2021 :
les personnels ont besoin d’orientations claires


Paris, le 12 octobre 2020

 

Jean-Michel Blanquer
Ministre de l’Éducation nationale
110 rue de Grenelle
75357 Paris SP 07

Monsieur le ministre,

Nos fédérations prennent acte du positionnement des épreuves de spécialité les 15 et 16 mars pour permettre la prise en compte de leurs résultats dans Parcoursup. Pour autant nous constatons qu’à ce stade les conditions pour qu’elles puissent être préparées sereinement par les élèves et leurs enseignants ne sont pas réunies, et il ne reste que quelques semaines pour qu’elles le soient. Pour cela, il faut d’abord lever le stress intense qui pèse sur les équipes, induit principalement par l’impression d’une mission impossible à réaliser dans le temps imparti : il est urgent d’expliciter qu’il ne s’agit pas d’attendre en mars ce qu’on attendait jusqu’ici des élèves en juin. Nos organisations formulent donc des propositions de mesures à prendre immédiatement :

  • La première série de mesures doit concerner la définition des objectifs pédagogiques des épreuves et de la fin de l’année. Nos fédérations ont déjà eu l’occasion de pointer le caractère excessivement chargé des programmes et d’en demander des allégements. L’identification des parties de programmes ne tombant pas à l’écrit ne répond pas complètement aux inquiétudes légitimes des collègues, ni l’existence de sujets zéro (pas encore disponibles pour toutes les spécialités). En effet, à ce stade, le ministère doit donner véritablement sens à ces épreuves en précisant les référentiels et les objectifs attendus à ce moment de l’année au regard des attendus du supérieur.

Par ailleurs, il est urgent aussi d’agir pour donner du sens à ce temps nouveau du troisième trimestre : un temps de préparation au grand oral, un temps d’approfondissement des apprentissages, un temps de réflexion et de projection vers le post-bac. Pour réussir ce « 3ème temps », les équipes doivent être impliquées, et avoir du temps pour s’approprier ce changement.

  • La deuxième série de mesures doit concerner la prise en compte du contexte de crise sanitaire dans l’organisation des épreuves. La crise sanitaire risque d’entraîner des parcours accidentés pour les élèves. Pour en tenir compte nous demandons que les sujets d’épreuves soient aménagés en fonction des disciplines en multipliant le choix des sujets ou des questions laissées aux élèves.

Nos fédérations demandent également que soit anticipé le risque que la crise sanitaire puisse empêcher le bon déroulement des épreuves en mars. Il faut dès maintenant engager des concertations pour prévoir des solutions de repli : report des épreuves plus tard dans l’année et prise en compte du contrôle continu.

  • La troisième série de mesures doit concerner l’organisation des corrections des épreuves de spécialité. Nous demandons que la jauge de 35 copies par enseignant soit la règle, mais nous affirmons qu’il faut aussi, pour que les opérations se déroulent le plus sereinement possible, banaliser des temps d’harmonisation et libérer les enseignants au moins de leurs heures de spécialité pendant la période de correction. Cette période doit être selon nous réorganisée et pourrait être mise à profit pour organiser par exemple la semaine de l’orientation à destination des élèves de 2de et de 1ère. Il faut enfin clarifier le régime indemnitaire pour lever tout malentendu. Nos organisations sont demandeuses d’une approche globale de ce sujet (indemnités EDS, indemnités EC, indemnités chef de centre…). Le régime indemnitaire actuel ne prend pas en compte les nouvelles tâches d’ingénierie pédagogique apparues avec les évaluations communes : elles doivent être reconnues. Sachant que le nombre de copies d’épreuves terminales rémunérées 5 € diminue (d’une dizaine à trois) il est possible de reconnaître ces nouvelles missions dans l’enveloppe actuelle.

Nos fédérations refusent de croire à une génération qui serait sacrifiée par la crise sanitaire ou par le changement des modalités du baccalauréat, mais il est de la responsabilité de l’institution de donner enfin aux personnels des orientations claires pour leur permettre d’accompagner leurs élèves dans leur parcours vers l’émancipation.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, à notre attachement au service public de l’Éducation nationale.

Catherine Nave-Bekhti, Secrétaire générale du Sgen-CFDT

Bruno Lamour, Secrétaire général de la FEP-CFDT