La fermeture du collège Rosa Parks a été annoncée par le Conseil Départemental. Si le Sgen-CFDT soutient les initiatives de mixités sociale et scolaire, il déplore ces annonces précipitées, laissant encore une fois les acteurs à l'écart avec de nombreuses questions.
Le Conseil Départemental a annoncé la fermeture du collège Rosa Parks à Nantes à la rentrée 2024. Questions, réponses et avis du Sgen-CFDT…
Pour une mixité sociale et une mixité scolaire au sein des établissements
Lors d’audiences au Ministère sur le thème de la mixité, le Sgen-CFDT (syndicat de l’Éducation Nationale) et la CFDT-Fep (Fédération de la Formation et de l’Enseignement Privés) ont rappelé leur attachement à la mixité sociale au sein des établissements. En effet, ces deux fédérations de la CFDT sont convaincues que c’est de toutes les différences dont fait partie la diversité sociale que les élèves peuvent apprendre et devenir des citoyens et citoyennes éclairé·es. Par ailleurs, les enquêtes PISA de l’OCDE montrent que la France est l’un des pays où l’origine sociale des élèves pèse le plus sur leur réussite scolaire, et ce, depuis plusieurs décennies.
Cinq chiffres clés à avoir en tête sur la mixité sociale à l’école
La CFDT insiste également sur le fait que mixité sociale et mixité scolaire vont de pair pour nos organisations syndicales. Nous savons que des élèves familiers de la culture scolaire qui aident leurs pairs en difficulté tirent aussi parti pour eux-mêmes de cette activité. Par ailleurs, la mixité sociale a des effets prouvés sur le bien-être des élèves, donc des enseignants.
Mixité sociale, où en est-on ?
Suite à l’annonce ratée de Pap Ndiaye d’un plan pour la mixité sociale à l’école, il est grand temps de redoubler d’efforts.
Pour un dialogue social planifié et de qualité
Nos fédérations ont par ailleurs rappelé, lors de ces audiences, que les Conseils Départementaux ne pourront agir seuls sur ce dossier, en actionnant l’unique levier de la carte scolaire.
Pour porter ses fruits à long terme, la démarche doit être menée conjointement avec l’ensemble des parties prenantes. Ainsi, ville et métropole, au titre du contrat de ville, l’Éducation nationale, l’enseignement privé, les enseignants, les parents d’élèves, les acteurs institutionnels et associatifs du monde éducatif et social, les élèves eux-mêmes doivent coopérer et agir en synergie.
L’annonce de la fermeture du collège Rosa Parks à Nantes
Si les fermetures des collèges Jules Verne et Guist’hau de Nantes et l’ouverture à la place d’un nouveau collège de centre-ville à la rentrée 2024 avaient été annoncées en CDEN (Comité Départemental de l’Éducation National) en décembre dernier, la fermeture du collège Rosa Parks a été annoncée par le Conseil Départemental lors d’une simple réunion et sur son site le 7 avril dernier puis dans la presse dès le 8 avril. Cette façon d’agir interroge. En effet, une des missions du CDEN est d’être consulté pour toute question relative à l’organisation et au fonctionnement du service public d’enseignement dans le département.
Quelle place au dialogue social dans ce processus précipité et ces annonces brutales ?
Le Conseil Départemental a donc annoncé qu’il fermerait à l’été 2024 le collège Rosa Parks, actuellement classé en REP+.
Une nouvelle sectorisation des élèves de Rosa Parks
Ces ouvertures et de fermetures de collèges seront l’occasion de « rebrasser » des élèves de centre-ville et des élèves d’éducation prioritaire.
Les élèves de ce collège seront répartis dans 4 autres collèges : le futur collège ouvrant dans les locaux de l’ancien lycée Vial, les collèges Victor Hugo, Hector Berlioz et Gaston Serpette.
La sectorisation des élèves des écoles primaires rattachées jusqu’à présent au collège Rosa-Parks serait alors modifiée.
Ces élèves iront au collège comme suit :
- Dervallières et Grand Carcouët vers le futur collège Vial,
- Châtaigniers vers le collège de la Durantière,
- Les Plantes vers le collège Victor Hugo,
- Jacques Prévert vers le collège Gaston Serpette.
Un échange a bien eu lieu entre établissements, écoles, personnels et familles le 7 avril. Cependant, une réflexion en amont, et dans le cadre du CDEN, avec les acteurs concernés, auraient permis de soulever plus vite les enjeux, et de confronter les points de vue sur les choix proposés.
Un dialogue Conseil départemental – Éducation Nationale, posé dès le début, aurait évité des incompréhensions, des discordances et des questions sans réponse au moment des annonces…
De nombreuses questions en suspens
Il est en effet urgent que l’Éducation Nationale apporte des réponses précises aux acteurs et aux familles :
Actuellement, l’on demande aux personnels de se projeter dans ce nouveau projet alors qu’ils sont dans l’incertitude, et ne savent même pas s’ils seront dans ce nouveau collège. Si pour eux, « les intentions sont louables, la mise en œuvre est déplorable« . Il est nécessaire que les règles soient précisées rapidement. Notamment :
- le nombre d’élèves, de divisions, et donc de personnels éducation nationale (si le département semble avoir pensé aux agents, les autres personnels restent dans l’incertitude),
- le sort des ressources humaines pour les collègues du collège Rosa Parks et des autres collèges impactés (fermetures de postes, transferts de postes, créations de postes…),
- l’accompagnement éducatif et pédagogique des élèves,
- les moyens accordés aux équipes des collèges pour faire vivre ce projet,
- l’information et l’accompagnement des familles, des associations de quartiers référentes pour ce public…
- le devenir des écoles REP+ qui n’auront plus de collège REP+ en rattachement.
Charge à la collectivité et à l’Éducation Nationale de redresser la barre. Il est temps de prendre en compte les avis et besoins de l’ensemble des acteurs impactés par ces mesures. Ainsi, nous pourrons faire de ce projet une avancée réelle pour la réussite et le bien-être de tous et toutes.
Quelques réponses
– Le Conseil Départemental garantit la gratuité des transports et la cantine à 1 euro.
– L’Éducation Nationale dit que « pour l’instant, les écoles ne perdent pas le label REP+ ». D’accord, mais jusqu’à quand ? Nous attendons la nouvelle carte de l’Éducation prioritaire depuis plusieurs années…
– L’Éducation Nationale essaie de faire jouer la clause de sauvegarde pendant 3 ans…
– Elle s’engage à programmer des formations.
Des temps d’informations sont à venir…
Conclusion
Le changement est très souvent source d’inquiétude… L’incertitude alimente la peur… Les infos contradictoires alimentent le doute et la défiance… Pour surmonter cela, l’éducation nationale doit poser rapidement les règles du jeu claires et sécurisantes. Ainsi chacun pourra s’engager sereinement. L’action redonne de la clarté à l’esprit !
Chaque école, chaque collège est une « grande famille », il y a de l’affect, des liens humains, un tissage qui s’est fait au fil des années avec des profs et des familles engagées. Cela est précieux et il faut en prendre soin, y compris dans des moments de changement…
À suivre…