Les groupes de niveau pour les nuls

Peut-être que vous avez entendu parler de cette histoire de groupes de niveau en math et en français au collège, mis en place par Gabriel Attal ? Et peut-être que vous vous demandez pourquoi des profs semblent s’opposer à cette mesure qui ne paraît pourtant pas si terrible, voire de bon sens ?

Karaoké – Groupe de Nivo – « Le Chaos des Savoirs »

Espérons que la tournée se termine rapidement… En attendant, voici le clip pour s’entraîner : https://youtu.be/e-cKqjwKjMQ?si=HBStMBaT-jXJJsgn

On en parle dans Ouest-France, dans le Figaro, TéléNantes, France 3… Vous reconnaitrez Gwenaël Le Guével.

Voilà les paroles en PDF. Et pour vos soirées, conseils d’administration, conseils d’école et autres manifestations : le karaoké !

– Groupes de niveau : de quoi s’agit-il ?

Imaginez que vous êtes en classe de 6ᵉ B et qu’il y a 3 classes de sixième dans votre collège. Dans chaque classe, il y a 25 élèves. Donc 75 élèves en tout. Eh bien, pendant toutes les heures de math et de français, vous n’êtes désormais plus en cours avec les élèves de votre classe, mais dans le groupe de votre niveau. Ainsi se constituent 4 groupes. Le groupe des plus faibles, de 15 élèves. Et par exemple, deux groupes d’élèves moyens de 20 et un groupe d’élèves performants de 20.

– Pourquoi ça coince ?

Parce que ces groupes de niveau ne pourront pas tourner, contrairement à ce qui est parfois annoncé. Les bons, les moyens, les mauvais, tu préfères être dans quel groupe ?

Deux exemples concrets d’effets pervers :

  • Si vous allez plus vite avec celles et ceux qui comprennent déjà et que vous allez plus lentement avec celles et ceux qui ont des difficultés, vous allez accentuer les écarts. Surtout que les enfants de milieux défavorisés sont plus souvent en difficulté scolaire que les autres. Une ségrégation sociale risque de s’ajouter à une ségrégation scolaire. Dit autrement, les enfants de pauvres sont déjà très nombreux dans les ULIS et les SEGPA, ils viendront probablement remplir également les groupes des plus faibles.
  • Quand les groupes sont toujours les mêmes, on retrouve au bout d’un moment un phénomène bien connu et accentué quand on met des notes : vous allez retrouver un petit groupe d’élèves en difficulté, un gros paquet d’élèves moyens et un petit groupe d’élèves très performants. L’homogénéité est un mythe ! Les difficultés des élèves peuvent être très différentes d’un chapitre à l’autre, d’un problème à l’autre (vous aussi, vous étiez peut-être à l’aise en géométrie, mais bof en équations ?).

Autre élément technique qui coince (parmi d’autres) : où trouver le quatrième prof qui vient prendre le quatrième groupe ? Il est désormais connu que l’éducation nationale a beaucoup de mal à recruter (surtout en math). Donc même si les postes sont créés, il n’y aura personne pour venir faire cours ! S’il n’y a pas d’enseignants, on repasse à 3 groupes : 15 + 30 + 30. Vous qui avez un ado à la maison ou vous qui en avez déjà croisé un… Vous pouvez vous imaginer avec un groupe de 30 ?

 

– Mais il n’y aurait pas moyen de transformer le dispositif pour qu’il montre moins du doigt les plus en difficulté ?

Actuellement, c’est impossible parce que les collèges n’ont pas reçu les moyens de mettre en place ces groupes sans défaire tout ce qui avait été fait avant et sans prendre sur leur marge d’autonomie. Cette réforme est appliquée d’en haut, partout en France, sans prendre en compte les réalités locales. Sans demander aux personnes concernées ce dont elles auraient besoin (les pays du monde qui ont les meilleurs résultats laissent une grande autonomie aux équipes de terrain).

Lien vers la pétition intersyndicale : https://www.mapetition.org/non-choc-savoirs/

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