Mesures de rentrée : élitisme ou équité ?

Les mesures imposées à la rentrée 2017 interrogent fortement la volonté d'équité, de réduction des inégalités sociales à l'École, en particulier pour l'éducation prioritaire.

Alors que les évaluations internationales dénoncent l’accentuation des écarts en fonction du milieu social en France, les directives ministérielles, elles, s’adressent à tous de la même manière, nient la politique des cycles pourtant dans la loi d’orientation depuis 1989 et mettent à mal l’idée de parcours de l’élève tout au long de sa scolarité.

« L’éducation favorise l’épanouissement personnel quand elle est dispensée avec qualité et équité » (Regards sur l’éducation 2017, une publication de l’OCDE)

Mesures de rentrée en éducation prioritaire

Évaluations diagnostiques au CP, apprentissage des quatre opérations au CP/CE1, rejet de l’étape du prédicat dans l’enseignement de la grammaire, recours à la stricte chronologie dans l’enseignement de la littérature… autant de mesures qui sont imposées ou annoncées par voie de presse sans tenir compte du profil des élèves accueillis, sans tenir compte des apports de recherches sur la progressivité des apprentissages, sans tenir compte de la continuité au sein du cycle 2.

Pour le Sgen-CFDT, réformer ainsi le système éducatif, c’est courir le risque de confronter davantage élèves et personnels à des situations d’échec dans l’acquisition des connaissances et compétences tout au long de la scolarité.

« L’image de soi est un des meilleurs prédicteurs de la réussite scolaire, et exerce des effets cognitifs et comportementaux spécifiques, notamment sur la motivation et la performance scolaire » précise Pierre Merle.

Négation du travail d’équipe

Dédoubler les CP en REP+ mais imposer des évaluations communes, doublées dans 200 écoles d’une évaluation supplémentaire des CP à 12, supprimer une matinée de classe en revenant à la semaine de quatre jours, revenir aux filières d’excellence au collège, autant de mesures qui participent à la reproduction des inégalités sociales et qui nient  le travail d’équipe mis en œuvre dans l’école, au sein du cycle.

Logique individualiste

Le Sgen-CFDT dénonce la logique individualiste et l’attention aux seules performances cognitives qui se dégagent de ces mesures.

Favoriser l’épanouissement de l’enfant pour former le citoyen de demain, autonome et responsable ne se limite pas à connaître la phonologie et les opérations ! C’est la continuité et la cohérence de tous les apprentissages tout au long de la scolarité qui permettront l’acquisition du socle commun de connaissances de compétences et de culture !

Manque de confiance aux équipes pédagogiques

Établir un diagnostic partagé constructif et efficace nécessite confiance et écoute pour une réflexion commune, un dialogue d’abord et avant tout au sein du cycle !

Le Sgen-CFDT dénonce le manque de confiance aux équipes ! Imposer à deux jours de la rentrée des évaluations nationales, sans aucune concertation préalable, c’est nier tout le travail de préparation de classe des professeurs des écoles, tout le travail collectif des équipes de cycle, c’est aussi réduire le dialogue social  à peau de chagrin !