Compensation ET accessibilité : pour une école plus inclusive

Pour avancer vers une école plus inclusive, on a besoin de deux jambes : la compensation et l'accessibilité. La compensation ce sont les moyens pour que l'élève s'adapte à son environnement, l'accessibilité pour que l'école s'adapte à l'enfant.

Compensation,  accessibilité ?
Ce que j’invite à faire ici, c’est à ne plus réfléchir en OU () mais en ET : compensation ET accessibilité
Et donc à sortir du pour/contre.

Compensation, accessibilité ?

La compensation, c’est se centrer sur l’enfant et lui fournir des outils, du temps, des moyens humains pour qu’il s’adapte au mieux à l’École.
L’accessibilité, c’est se centrer sur l’environnement et se dire que c’est à l’environnement de s’adapter pour mieux accueillir l’enfant.

N’oublions pas l’accessibilité…

accessibilité

Mon positionnement n’est donc pas de dire qu’il ne faut aucune compensation (on arrive dans une société, une culture qui nous pré-existe et il faut bien s’y adapter) mais il me semble que nous oublions trop souvent l’accessibilité lorsque nous parlons de ce sujet.
Par exemple, lorsqu’on entend « il·elle n’a rien à faire à l’école », « c’est de soins dont il·elle a besoin », ou « avec lui·elle on ne fait que de la garderie… », est-ce qu’on a réellement pris le temps de se demander quel cadre on propose, ce que « donner des soins » veut dire (dans les IME ou les ITEP, on ne passe pas sa journée à donner des soins… de plus, certaines situations de handicap comme la plupart des maladies génétiques ne se soignent pas…), ou est-ce qu’on est sûr de ce qu’un élève apprend ou retient au sein du groupe ?

Et la souffrance ?

OK donc pour dire qu’ « il y a des enfants que l’on met en souffrance en les incluant dans l’école ». Ça ne loupe pas à chaque discussion sur le sujet, puisque c’est bien ceux-là qui nous mettent en difficulté, celles et ceux qui souffrent bruyamment. Mais ajoutons alors « dans l’école telle qu’elle fonctionne actuellement » . On peut même ajouter que les adultes aussi (ou DES adultes plutôt… on a vite tendance à grossir les choses dans ces situations compliquées…) se retrouvent en souffrance. Ainsi, le professeur et l’AESH frustrés de ne pas avoir de temps et de moyens pour accompagner, sans oublier les parents qui voient leur enfant mis en difficulté(s) et culpabilisent.

Accessibilité versus normatif

Donc ne perdons pas de vue que nous sommes dans une école au fonctionnement bien trop normatif pour être inclusive :
– des horaires les mêmes pour tou·te·s de la petite section au CM2.
– une structuration en classes d’élèves né·e·s entre janvier et décembre d’une même année qui doivent suivre les mêmes programmes construits à partir d’une déclinaison du sacro-saint examen final auquel tout le monde devrait aboutir mais que concrètement, mes élèves de SEGPA et ma fille en IME n’atteindront jamais (tu me diras, je vais pas m’emmerder avec Parcoursup, c’est ça de gagné… ;-)). Il faut « faire le programme ».
– quasiment aucune souplesse à l’intérieur des écoles et des établissements avec notre fonctionnement une heure/une classe/un·e prof.
– évaluation, classement, tri, dans une société addict à la note et aux étoiles (même quand tu vas pisser sur une aire d’autoroute, tu peux cliquer sur bonhomme content ou pas content si c’est bien nettoyé ou pas…).
accessiblité

L’accessibilité pour tous

N’oublions pas également que rendre l’école plus accessible, c’est comme lorsque l’on fait des rampes d’accessibilité pour les fauteuils roulants, ça profite aussi aux poussettes, aux personnes âgées, etc.
Autrement dit, faire évoluer le fonctionnement de l’école permettrait peut-être de s’occuper des élèves en situation de handicap, mais aussi de tous les autres qui s’ennuient moins bruyamment. La différence entre un bon élève et un mauvais élève, c’est que le bon a appris à s’ennuyer poliment…

Et c’est l’affaire de tous : redistribuons les moyens…

Enfin, pour ajouter une dimension interprofessionnelle CFDT, si on dézoome en prenant en compte l’éducation nationale, le médico-social, la bureaucratie attenante (GEVASCO and CO) et les taxis payés pour trimballer tout ce monde-là d’un lieu à l’autre, je fais l’hypothèse que « les moyens » seraient largement là… Ce fonctionnement en tuyaux d’orgue que nous héritons d’une longue histoire est un casse-tête, j’en conviens, mais parlons plutôt de casse-tête que de manque de moyens. Nous sommes dans une société opulente et abondante qui aurait tout à fait les moyens de prendre soin. Cela reste à chiffrer…
Ce n’est qu’un début, continuons le débat…