Peut-on, doit-on réagir si on constate qu’un parent d’élève est violent ? Comment ?

Un parent violent avec ses enfants

Pas facile lorsque l’on est confronté à un parent violent… Si vous êtes victime ou si vous savez qu’un enfant est en danger, vous devez appeler le 119, numéro de l’enfance en danger.

En tant qu’enseignant, vous pouvez également appeler l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance, elle dépend du Département) ou rédiger une Information Préoccupante (IP).

Quand doit-on rédiger une IP ?

Document Eduscol sur la protection de l’enfance

Un père violent avec sa femme

Les enfants ne sont pas victimes ni témoins

Dans ce cas, il est difficile d’agir. Vous pouvez discuter avec la maman et lui parler du 3919. Cependant, vous ne pouvez pas l’obliger à porter plainte. Vous ne pouvez pas non plus porter plainte à sa place. Il faut la convaincre de faire la démarche pour elle, mais aussi pour ses enfants. Vous pouvez lui parler de Citad’elles à Nantes.

Les enfants sont témoins

Un élève vous explique que son papa frappe sa maman. Dans ce cas, vous avez le droit de passer outre l’autorisation de la maman et rédiger une information préoccupante. En effet, il y a un risque de danger pour l’enfant donc vous avez le droit de rédiger une IP.

Ensuite, si la famille est relogée, ce n’est pas toujours facile pour les enseignants de gérer l’éloignement du père. Parfois, des décisions de justice sont contradictoires. La famille est relogée pour éloigner le conjoint violent, mais le père a le droit d’avoir ses enfants en garde alternée. Il a donc l’adresse de la maman sur les documents de garde alternée.

Pas facile pour les enseignants qui doivent toujours bien observer leur devoir de réserve. Il ne faut pas émettre de jugement sur l’un ou l’autre des parents, mais bien communiquer uniquement des faits relatifs à la scolarité des enfants.

Un parent violent avec un enseignant

Parfois la violence de certains parents se retourne contre les enseignants. Voici un guide d’accompagnement en cas d’incivilité ou d’agression dans le cadre de vos fonctions_1er_degré rédigé par l’Éducation Nationale.

Violence verbale

Lorsqu’un conflit émerge, il s’agit souvent d’un banal malentendu au départ qui a pris de l’ampleur. Peut-être parce que l’école a manqué d’ouverture et d’écoute. Ou qu’elle n’a pas pris en considération le sentiment d’insécurité qu’elle a généré chez le parent violent.
Il y a à cela de nombreuses raisons, mais ici n’est pas le lieu de les détailler, le sujet étant très sensible et ayant été très peu pensé en France. Pour aller plus loin vous pouvez lire « Propos iconoclastes sur le système éducatif français » de Nicolas Bouvier. Il contient un chapitre lumineux sur le sujet.
Voici donc une méthodologie simple et fonctionnelle pour contenir les pulsions des uns et des autres. Elle n’est pas applicable telle quelle mais quelques éléments pourront peut-être vous inspirer.
Voici comment on peut procéder :
  •  respirer profondément et lentement par le nez (ne pas réagir résout la moitié des problèmes)
  • accueillir (en offrant un espace, du temps et une boisson chaude)
  • s’excuser (même quand au fond, on a raison)
  • écouter (longuement et attentivement)
  • se mettre d’accord ensemble sur un cadre de fonctionnement (compatible avec les vues de votre supérieur hiérarchique – ça vous évitera de nombreux déboires)
  • noter soigneusement ce qui a été dit (pour canaliser et structurer sa pensée)
  • prendre des décisions concernant qui fait quoi, comment et quand ces éléments seront partagés.
Questions qui nuisent au débat :
– qui a raison ?
– qui a gagné/perdu ?
Question à se poser :
– où est la solution ?
Réussir à adopter cette attitude dépassionnée et professionnelle requiert quelques pré-acquis :
  • comprendre que l’agressivité qui nous est adressée ne nous vise pas
  • faire preuve d’une empathie réelle et profonde vis-à-vis de tous
  • accepter que dans un conflit, il n’y a que des perdants.

Violence physique

Si les violences verbales vont trop loin ou si vous subissez des violences physiques, il faut immédiatement réagir.

Rédigez une fiche RSST, demandez une protection fonctionnelle, interpelez votre supérieur hiérarchique. Ce dernier doit vous soutenir et vous protéger du parent violent. Il est inscrit dans l’article sur la protection fonctionnelle :

Obligation de prévention

L’administration doit prévenir ou prendre les mesures adéquates pour faire cesser les attaques dont est victime ou pourrait être victime un agent ou ses proches.

Cela peut consister par exemple en un changement du numéro de téléphone professionnel de l’agent, en une proposition de changement d’affectation, dans l’engagement d’actions appropriées contre l’auteur des faits.

Vous pouvez exercer votre droit de retrait.

Vous retrouverez toutes les possibilités dans ce guide complet du Sgen-CFDT.

Violence sur les réseaux sociaux

Les atteintes contre les personnels via les réseaux sociaux sont désormais encadrées par un BO officiel du 10 novembre 2022, un protocole est mis en place pour les délits suivants :

harcèlement,
mise en danger d’autrui,
menace,
entrave au métier d’enseignant

Les personnels peuvent bénéficier de la protection fonctionnelle (en demandant à l’administration). Pour vous aider dans vos démarches, contactez les militants du Sgen-CFDT !

Le protocole de signalement :

Signaler un contenu illicite numérique :

1/ sur internet, sur le portail officiel du ministère de l’Intérieur, Pharos ;

2/pour tout contenu illicite, en incluant les propos racistes et antisémites, demander à la plateforme Pharos de constater les faits avant la suppression des contenus. Ce constat a valeur légale ;

3/demander le retrait d’un contenu illicite, directement sur le réseau social, comme l’indique le site de la Cnil.

Signaler les faits à la police ou à la gendarmerie.

Ne pas hésiter à porter plainte.

Signaler au procureur de la république (au titre de l’enfance en danger, au titre de l’article 40 de la procédure pénale)

Signaler à la protection de l’enfance : en cas de danger ou risque de danger pour les victimes et/ou auteurs, transmettre une information préoccupante au conseil départemental, en concertation avec les personnels de l’établissement.