L’acquisition du langage à la maternelle, quand le maître + pouvait aider !

Si l'objectif d'axer les premières années d'école sur « l'acquisition du langage » est confirmé, ne demandons pas aux équipes d'interrompre ce qu'elles venaient d'amorcer pour répondre à ce besoin… Renforçons la logique de cycle, les moyens humains et laissons aux enfants le temps d'apprendre...

Plusieurs écoles de REP nous font part de leur peur de perdre le dispositif Plus de maîtres que de classes (PDMQDC). Après avoir mis en place des fonctionnements favorables aux élèves, notamment des ateliers de langage en GS, il faudrait tout abandonner ?

Les assises de la maternelle pour une école de l’épanouissement du langage ?

Notre Ministre monsieur Blanquer prévoit des assises de la maternelle en mars. « Ce rendez-vous devra nous permettre de penser l’école maternelle de demain, pour en faire véritablement l’école de l’épanouissement et du langage ». (Ouest France 6 janvier 2018 )

Notre ministre est-il au courant que les programmes de 2015 avaient déjà mis en avant cet axe? (en envisageant, par ailleurs, les multiples dimensions du langage, dont le langage du corps)

Est-il au courant que les dispositifs proposés dans la relance de l’éducation prioritaire de 2014 avaient pris cet enjeu en considération ?

Notre Ministre est-il au courant, que par exemple, dans une école de REP de la banlieue nantaise, l’imposition, sans analyse et sans concertation des CP à 12, aboutit à mettre un terme à des « ateliers langage », organisés dans le cadre de la liaison Maternelle/CP, donc, à la maternelle, grâce à l’intervention réfléchie et co-construite du Maître+ ?

Les enseignants souhaitent  confiance et continuité…

Nul ne conteste la réduction des effectifs en CP et les conséquences négatives d’un trop grand nombre d’enfants dans les classes, surtout les petites et surtout en éducation prioritaire. Mais il serait temps de mettre un peu de confiance au cœur des réformes, et de permettre une continuité, là où les équipes se sont engagées. Le Sgen-CFDT avait alerté sur ce point dès juin

Les élèves se fichent des guerres de gouvernement, et de savoir qui restera dans l’histoire pour tel label ou telle annonce électorale. Les équipes seraient enfin reconnues, si le temps de l’éducation était envisagé au-delà des quinquennats. Si l’objectif d’axer les premières années d’école sur « l’acquisition du langage » est confirmé, ne demandons pas aux équipes d’interrompre ce qu’elles venaient d’amorcer pour répondre à ce besoin…

Renforçons la logique de cycle, continuons les formations, accentuons les temps de concertation. Et laissons aux enfants le temps d’apprendre, aux adultes, le temps d’accompagner.

Détruire est beaucoup plus facile et beaucoup plus rapide que de construire…

Soyez rassuré, les fourmis reconstruiront encore et encore, autrement, leur édifice, se jouant des nouvelles contraintes… Mais quelle perte de temps, quel manque de considération, pour ceux, qui, au jour le jour, côtoient ces élèves et ces familles.

L’épuisement et la pression de « réussite » n’ont jamais permis de bâtir de bonnes fondations.

Voir aussi La position du Sgen-CFDT sur l’établissement du premier degré