Épreuves de spécialité : voici venu le temps des corrections… ou pas

Après les deux dernières années sans épreuves écrites à cause de la pandémie, les épreuves de spécialité ont eu lieu cette année 2022 les 11 et 12 mai. Le Sgen-CFDT met l’accent sur les multiples dysfonctionnements depuis la fin des épreuves.

Par un courrier adressé au ministre en novembre 2021 et resté sans réponse, le Sgen-CFDT demandait un véritable dialogue social concernant entre autres l’organisation des épreuves de spécialité et leur correction. En janvier 2022, le Sgen-CFDT alertait le ministre sur l’impossible équation des épreuves de spécialité. L’annonce du report des épreuves de spécialité a eu lieu le 28 janvier 2022, soit un peu plus d’un mois seulement avant la date prévue pour ces épreuves.

Ce n’est que le 16 mars 2022 qu’est publié un calendrier modifié des épreuves de spécialité pour la session 2022. Ces épreuves étaient initialement prévues les 14 et 15 mars 2022.

Modalité de correction des épreuves de spécialité ?

La correction des copies des épreuves de spécialité a été entièrement dématérialisée avec utilisation de la plate-forme Santorin. C’était une première pour une grande majorité de correcteurs. Un tutoriel avait été envoyé quelques semaines avant la correction. La prise en main de ce nouvel outil n’a globalement pas posé de problème, les professeurs étant aguerris à l’autoformation…

Le nombre de copies attribuées à chaque correcteur (souvent entre 30 et 10) a été considéré comme raisonnable. Le choix fait par la Division des Examens et Concours de Nantes en concertation avec les IPR de ne fournir à chaque correcteur que des copies du jour 1 ou du jour 2 a été apprécié par les correcteurs. En effet, les aménagements d’épreuve faisant suite à la pandémie donnaient aux élèves des possibilités de choix de sujet, mais complexifient la tâche des correcteurs.

Voici quelques retours de professeurs correcteurs :

Réunions d’ententes inefficaces. Le ressenti dans certaines disciplines est une impréparation des commissions d’entente qui se sont déroulées en visioconférence. Ces commissions avaient pour but de donner les consignes à destination des correcteurs, mais le retard dans l’attribution des copies et l’absence de copies tests ont laissé les participants dans l’expectative. Ces commissions n’ont pas réellement permis d’échanges efficaces entre correcteurs.

Demande de corrections de copies qui n’est pas en accord avec les ordres de missions. Certain·es collègues ont été sollicité·es le vendredi 13 mai au soir pour corriger des copies tests avant le dimanche 15 mai fin d’après-midi. De plus, le corps d’inspection demande que les copies soient corrigées 1 semaine avant la date figurant sur la convocation.

Sujets très difficiles dans certaines disciplines, notamment scientifiques. Considérant que les élèves sont spécialistes de leurs disciplines et malgré les perturbations de ces deux dernières années, les concepteurs des sujets avaient pour consigne d’élaborer des sujets complexes.

Modification des éléments du barème. Une commission d’harmonisation, qui s’est réunie le lundi 16 mai au niveau national, s’est rendu compte que la grille de correction générique n’était pas applicable. Cette grille a donc été simplifiée. Cela fait pourtant 2 ans que ces grilles sont les documents de référence à partir desquels les élèves ont été préparés et évalués.

Du retard dans l’attribution des lots. Certain·es collègues, qui avaient demandé à être libéré·es de cours dès le mardi 17 matin, début officiel de la mission de correction, n’ont reçu leurs copies à corriger qu’en fin de journée. Il en résulte une perte de temps, temps pourtant crucial en cette période surchargée.

Des erreurs dans l’attribution des lots. Certain·es collègues se sont rendu compte en corrigeant qu’ils avaient des copies issues des deux jours d’épreuves. Après signalement et rectification de cette anomalie par la Division des Examens et Concours, les corrections déjà faites ont été perdues et les copies ont dû être recorrigées. Heureusement, cette erreur a été corrigée à partir du lendemain et les collègues qui ont rencontré la même anomalie n’ont pas eu à re-corriger leurs copies.

Une organisation d’épreuves qui repose sur des personnels non enseignants

Point de vue d’un personnel de direction

Déroulement des épreuves

Les épreuves ont été organisées sur 3 jours. La grande majorité s’est déroulée les mercredi 11 et jeudi 12 mai et quelques élèves ont composé le vendredi 13 mai. Dans l’ensemble, les épreuves se sont bien déroulées. Il y a eu quelques remarques de parents d’élèves concernant l’équité entre les candidats à cause de la présence de deux sujets pour chaque spécialité. Cependant, ces remarques semblent peu nombreuses en comparaison à ce qui a été relayé par la presse.

Numérisation des copies

Concernant la numérisation des copies, il y a eu des dysfonctionnements à cause des débits trop faibles de transfert de données. Dans certains établissements, des personnels administratifs et de direction sont restés travailler jusqu’à très tard pour permettre au plus vite la remontée des copies dans l’application Santorin.

Conséquences sur les enseignements

Conformément au bulletin officiel du 5 mai 2022, les correcteurs ont été libérés de cours pour 4 demi-journées maximum, mais cela n’a pas été sans conséquence sur la vie de l’établissement. Beaucoup de professeur·es se sont absenté·e·s à tour de rôle, ce qui a perturbé les emplois du temps. De plus, des collègues ont été mobilisé·e·s pour les oraux de langue et de BTS ce qui a accentué les « trous » dans les emplois du temps des élèves et a entraîné une démobilisation certaine de leur part. Entre les journées de révision, d’organisation et de passations des épreuves, les temps de correction et d’évaluation orale, l’établissement est en « mode dégradé » depuis le 9 mai et certains parents s’en sont plaint.

Concernant les 4 demi-journées libérées, c’est le proviseur adjoint qui enregistrait les absences des professeur·es sur pronotes puis le proviseur les validait, mais il s’interrogeait sur certains choix. En effet, des collègues de terminale se plaignent de ne pas avoir cours avec leurs élèves pour préparer le grand oral, et pourtant, choisissent d’être libérés pour corriger les épreuves de spécialité des heures de cours avec ces mêmes élèves de terminale.

On peut se demander quel est l’intérêt de corriger les copies aussi rapidement ? Elles auraient très bien pu être corrigées plus tard, en même temps que les copies de philosophie et français, lorsque les élèves n’ont plus cours, puisqu’il n’y a plus urgence à intégrer ces notes dans parcoursup. Avec le changement de ministre (et la fin de la crise sanitaire), on peut également se demander si les épreuves de spécialité se dérouleront comme il était initialement prévu, en mars. Si tel est le cas, cela ne sera pas sans conséquence sur la vie des établissements.

L’organisation des épreuves de spécialité comporte aussi des enjeux pour les personnels du rectorat.

Quelles perspectives pour les épreuves de spécialité ?

Une réflexion collective doit être conduite concernant :

  1. Le sens des épreuves de spécialités.
  • Que souhaite-t-on-on évaluer par ces épreuves ?
  • Ces notes doivent-elles être prises en compte pour parcoursup et pourquoi ?
       2. Le calendrier de l’année de terminale et la place des épreuves de spécialité.
  • Maintenir les épreuves en mars n’est pas compatible avec les programmes actuels.
  • L’hypothèse d’un décalage des épreuves de mars en juin se ferait au détriment notamment de la préparation du grand oral, des apprentissages liés aux dernières parties du programme, et du projet en voie technologiqueLe seul avantage serait de ne pas désorganiser l’année pour les autres niveaux.
  • De plus, en juin, les professeurs de français et de philosophie sont déjà suffisamment mobilisés pour les corrections de 1ère et/ou terminale.

Il est nécessaire de redonner du sens au bac.

Le Sgen-CFDT attend que ce sujet, parmi d’autres, soit discuté avec le nouveau ministre.