Deux jeunes collègues racontent leur vécu professionnel durant cette période de confinement. Toutes deux enseignantes, l’une est TZR et « reprend son activité le jour du confinement », l’autre est enseignante en REP+ sur Nantes.
Des débuts chaotiques…
Marion, TZR
« Je suis TZR et ai fait ma rentrée en septembre dans un nouvel établissement. Je n’y suis allée qu’une semaine avant un congé de maternité qui, pour diverses raisons m’a menée au 16 mars ! Ma reprise s’est donc faite le jour du début du confinement ! (…) J’ai donc repris en télétravail, avec des élèves (et des collègues !) que je connais à peine (pour ne pas dire que je ne connais pas).
La première semaine a été très compliquée car aucun outil ne fonctionnait (ni Pronote ni Elyco). Notre chef d’établissement et nos IA-IPR nous ont envoyé un tas de mails que je n’ai lus qu’en diagonale tellement j’étais découragée ».
Céline, collège de REP +
« La première semaine a été difficile. On a fait plein d’essais, on a multiplié e-lyco avec un espace de travail partagé proposant un plan détaillé à la semaine, spécialement pour le confinement. Cela s’est ajouté à Pronote auquel tous les élèves n’avaient pas forcément accès. Il a fallu que notre documentaliste reprennent tous les codes des élèves…
Heureusement, j’ai un scanner, une imprimante (mais plus d’encre…), des livres et mon ordi avec mes sources perso. Je me forme sur e-lyco ! »
Des plans de travail, des coups de pouce, des corrigés !
Marion : « De mon côté, j’envoie mes nouvelles communications à la principale adjointe pour publication sur le site du collège, je poste le travail dans l’espace de travail E-lyco et je dois remplir sur Pronote. Il y a de quoi s’y perdre mais j’espère n’oublier personne.
J’ai bien entendu adapté le contenu des documents envoyés aux élèves (système de documents-consignes pour 15 jours avec les dates et la durée indicative de chaque activité). Pour un niveau, je m’appuie énormément sur le manuel. Même si tous peuvent du coup avoir accès à cette ressource, je ne suis pas satisfaite du travail donné (en situation normale j’aurais fait complètement différemment). »
Céline : « Je publie chaque début de semaine un chapitre avec un cours et une progression détaillée. J’indique le timing, et ajoute des supports vidéos déjà en ligne type Yvan Monka, support Géogébra, exercices et activités. Je mets des coups de pouces et des corrigés. J’ai essayé une classe virtuelle pour mes 3e pour une séance de questions/réponses suite à leur travail à distance. Mais seulement une dizaine d’élèves se connectent.
Pour les élèves sans connexion… On imprime, on envoie, et on dépanne…
« Du côté des élèves qui n’ont pas de connexion, on a envoyé le travail par la poste et fait des permanences pour imprimer le travail à certains deux fois par semaine. C’était mon tour mardi dernier. Mais il n’y a plus trop de papier, ni d’encre… Heureusement, grâce à un partenariat avec une entreprise, et aux ordis du collège, nous avons pu équiper 20% de nos élèves en matériel informatique. Ils ont maintenant tous une connexion et un ordinateur par famille à minima. On est en attente d’autres ordinateurs de la part de la ville. Notamment pour des familles avec beaucoup d’enfants.
La communication avec les élèves, et les équipes !
Marion : « Les élèves qui le souhaitent m’envoient le travail, et ponctuellement j’ai des questions sur des éléments qui ne sont pas compris. J’ai très peu de retours, et pourtant je sais que les professeurs principaux communiquent énormément avec les familles. Les élèves travaillent peut-être de leur côté sans m’informer, je le saurai à la reprise… »
Céline : « Nous sommes beaucoup en lien avec les collègues (classe virtuelle, et groupe Whatsapp notamment). Les collègues ont beaucoup investi les moyens de communication. Pronote, e-lyco, classe virtuelle, suivi des décrocheurs, des enfants en foyer, des allophones, conseil d’orientation pour les troisièmes, suivi des connexions des élèves, création d’un google sheet de travail partagé pour conseiller nos élèves dont on est référent, coup de téléphone une à deux fois par semaine aux élèves dont on est référent.… Cela fait beaucoup ! »
Les devoirs à rendre… : On s’est accordé pour encourager, sans évaluer en sommatif !
Céline : « On a environ 1/3 de travaux rendus mais cela est aléatoire selon le niveaux et les classes. Nous ouvrons à tous types d’envois en utilisant toutes les plateformes, ou en créant des adresses mails spéciales pour le confinement. Personnellement, je n’ai pas demandé de retour. Des élèves sont stressés à l’idée de ne pas avoir le matériel et toutes les informations à temps ».
« On s’est accordé pour encourager sans évaluer en sommatif ».
Ce que l’on retient : du lien et de la crédibilité !
Marion : « Je dois dire que je n’envisageais pas ma reprise ainsi, et qu’enchaîner en télétravail après des mois de congé maternité, ce n’est pas le plus motivant ni le plus stimulant. J’ai plus l’impression d’occuper les élèves que de vraiment les faire travailler. Ceci étant, je pense que maintenir ce lien est primordial et il me semble que de ce point de vue le pari est réussi. »
Céline : « Cela nous redonne de la crédibilité et de l’importance aux yeux des élèves et des familles, C’est le seul point positif mais c’est un gros point positif. »