D'après le ministère, le nouveau baccalauréat "vise à mieux valoriser la régularité du travail et les progrès des élèves". Comment cela se met-il en place à travers les Évaluations Communes (EC, anciennement E3C) et quels sont les enjeux des EC ?
Quel calendrier ?
Les EC doivent se dérouler au cours du cycle terminal, lors des deuxième et troisième trimestre de la classe de première au cours du troisième trimestre de la classe de terminale.
1ère série d’épreuves | 2ème série d’épreuves | 3ème série d’épreuves |
Deuxième trimestre de la
classe de première |
Troisième trimestre de la
classe de première |
Troisième trimestre de la
classe de terminale |
-> Histoire – Géographie (2h)
-> Langues vivantes A et B (1h) -> Mathématiques (voie technologique) (2h) |
-> Histoire – Géographie (2h)
-> Langues vivantes A et B (20min de compréhension oral + 1h30min écrit) -> Mathématiques (voie technologique) (2h) -> Enseignement scientifique (voie générale) (2h) -> Enseignement de spécialité non retenu pour la terminale (voie générale) (2h) |
-> Histoire – Géographie (2h)
-> Langues vivantes A et B (1h30min écrit + 10min oral) -> Mathématiques (voie technologique) (2h) -> Enseignement scientifique (voie générale) (2h) |
Un résumé en image : ici
Quelle organisation pour la passation des épreuves ?
Les modalités d’organisation définies par le ministère …
-> Les épreuves d’EC sont organisées par chaque établissement. Cependant une mutualisation entre établissements est possible. En cas de mutualisation, les élèves passent donc les EC dans leur établissement ou dans un établissement proche.
-> L’organisation des EC ne doit pas remettre en cause le bon fonctionnement des établissements.
-> Il n’est pas nécessaire de prévoir des salles « format examen » ni de surveillances multiples.
-> Les élèves bénéficiant d’aménagements d’épreuves passeront les EC dans les conditions prévues dans le cadre de leur scolarité.
… ne tiennent pas compte de la réalité.
-> Compte tenu du temps de mise en place, de distribution et de ramassage des copies et du fait que les élèves puissent passer les EC « à l’extérieur », il semble très compromis que l’organisation des EC n’impacte pas le déroulement habituel des établissements.
-> Le fait que les élèves passent les EC dans des salles de classe en configuration habituelle et sans surveillance supplémentaire pose un sérieux problème de fraude. Lors d’évaluations « classiques », pour éviter les fraudes, les enseignants proposent parfois deux sujets distincts aux élèves. Chaque équipe prend les mesures appropriées pour sanctionner les fraudes. Dans le cas des EC, la situation est beaucoup plus complexe car les équipes ne peuvent envisager aucune des stratégies adoptées habituellement . De plus, la surveillance par une seule personne n’est pas envisageable. En effet, que faire lorsqu’un élève doit sortir de la salle si personne n’est présent pour l’accompagner ?
-> Quant aux éventuels temps supplémentaires, les modalités d’attributions sont elles les mêmes pour les EC que pour les épreuves finales ? Comment s’assurer que les dossiers des élèves pouvant bénéficier d’un temps supplémentaire soient finalisés dés les premiers EC ? Est-il possible d’appliquer lors des EC les mêmes aménagements que ceux habituellement faits en classe ? Ces questions devraient trouver réponse dans une future note de service.
Sur quels sujets portent ces évaluations ?
La note de service ministérielle indique que :
-> Les sujets sont choisis, par le chef d’établissement sur proposition des équipes pédagogiques, parmi une banque nationale de sujets. L’existence d’une banque nationale permet l’égalité de traitement des candidats.
-> Les sujets choisis doivent pouvoir être traités dans leur intégralité (en particulier pour la première série d’épreuves).
-> Les sujets ne sont pas modifiables mais il est possible de les adapter aux besoins des élèves en situation de handicap.
-> Un sujet ne peut être choisi pour une autre série d’épreuves au sein d’un même établissement.
-> Un sujet ayant été choisi un grand nombre de fois sera supprimé de la banque.
L’avis du Sgen-CFDT :
-> Dans l’esprit de la réforme, les EC ne doivent pas donner lieu à des périodes de bachotage. Cependant, la mise à disposition des sujets auprès des candidats ne risque-t-elle pas de produire l’effet inverse. En effet, les technologies actuelles permettront très facilement aux élèves de se rendre compte des sujets les plus choisis avant leur retrait de la banque. Ne risque-t-on pas une course au plus offrant concernant la publication de corrigés ?
Quelles seront les modalités de correction ?
La note de service ministérielle prévoit que :
-> Tout d’abord, les copies soient anonymisées et corrigées de façon dématérialisée. Ainsi après les épreuves, chaque établissement devra numérisé ses copies avant de les répartir et les transmettre aux correcteurs. La correction se fait ensuite « sur écran ».
-> Ensuite, les correcteurs ne doivent pas corriger les copies de leurs élèves et qu’ils ne soient pas amenés, dans la mesure du possible, à ne pas corriger plus de deux sujets différents.
-> Enfin, aucun corrigé national ne soit établi. Cependant, les correcteurs doivent suivre les barèmes figurant sur les sujets.
-> Les élèves prendrons connaissance de leur note après chaque évaluation, cependant, cette note pourra être modifiée par la commission d’harmonisation en fin d’année.
L’avis du Sgen-CFDT :
-> L’égalité de traitement ne peut pas être assurée s’il n’existe pas de commission d’entente en amont des corrections et sans corrigé national.
-> De plus, que penser de la correction en ligne ?
Quels seront les rôles de la commission d’harmonisation ?
Une commission d’harmonisation aura lieu au fin d’année de première et une autre en fin d’année de terminale.
Selon la note de service ministérielle, la commission d’harmonisation :
-> À pour but de préserver l’égalité entre les candidats.
-> Se compose d’IA-IPR, de professeurs et de représentants de tous les enseignements concernés.
-> Se tient à la fin de chaque année.
-> Est la seule à pouvoir modifier des notes.
-> Dispose des moyennes par sujet, des moyennes par correcteur et des moyennes académiques par enseignement.
L’avis du Sgen-CFDT :
-> Cependant, l’harmonisation ne peut pas corriger les très grandes disparités liées :
– à la multitudes des sujets
– à la multitude des correcteurs
– au manque de concertation en amont des corrections
– à l’absence de corrigé national
Que revendique le Sgen-CFDT ?
Tout d’abord, le Sgen-CFDT revendique l’abandon des EC.
À défaut, ces EC sont des épreuves de baccalauréat, donc le Sgen-CFDT revendique :
-> La mise à disposition de corrections types pour alléger le temps de travail et limiter les inégalités.
-> Un secrétariat d’examen avec une enveloppe conséquente de rémunération des acteurs qui feront face à la charge de travail, aux responsabilités induites et à l’aménagement du format et des conditions de passations des élèves.
-> Une reconnaissance financière pour les enseignants concernés par ces épreuves cumulatives (comme pour les copies de bac actuellement).
-> Des équipes de direction complètes (avec a minima un.e adjoint.e par établissement). En effet, la mise en place des EC est particulièrement lourde : organisation, numérisation des copies …
-> Pas de sur-contrôle par les hiérarchies intermédiaires : la main doit être laissée réellement aux établissements pour l’organisation pratique (dates, modalités…)
-> Tract
Les articles : E3C : alléger, inventer mais surtout garder la main ! et Vers un bac à 18 épreuves ? il y a encore des choix à faire pour éviter le pire ! présentent les revendications du Sgen-CFDT.
Quelques propositions faites lors du comité de suivi national du 5 décembre 2019.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
La note ministérielle concernant les EC est consultable ici
Notre dossier : Le Sgen très critique sur la réforme du lycée