Remplacements : situation critique 💣

Jamais la situation des remplacements n’a été aussi critique.

La faute à la Covid ?

La situation sanitaire n’explique pas tout. Surtout, elle n’est plus conjoncturelle, mais devient de plus en plus structurelle après deux ans de pandémie. Il va bien falloir que le ministère s’en inquiète et anticipe. Force est de constater que les créations de postes annoncées par le ministre de l’Éducation ne sont pas à la hauteur des besoins qu’imposent les priorités affichées : décharges de direction, éducation prioritaire, formations…

Mieux s’organiser pour les remplacements

Le nombre de remplaçants est-il à la hauteur des enjeux : permettre le fonctionnement des écoles dans de bonnes conditions alors qu’elles n’ont, pour la plupart, comme personnels que les PE dans leur classe ? La multiplication des absences non remplacées amène une répartition fréquente amenant à des effectifs de 30 à 40 par classe dans les périodes critiques. Comment ne pas comprendre alors que les équipes permettent, voire encouragent, le fait que des élèves restent à la maison quand leur enseignant·e est absent·e. Cette situation favorise l’absentéisme régulier et les absences pour convenance personnelle décomplexées.

Quelle légitimité notre institution peut-elle porter sur l’obligation scolaire quand elle est à ce point incapable de fonctionner normalement ?

Quelle légitimité notre institution peut-elle porter sur l’obligation scolaire quand elle est à ce point incapable de fonctionner normalement en permettant à la continuité scolaire d’être assurée.

L’école ouverte, c’est bien ; avec des enseignant·es, c’est mieux.

Mieux gérer les remplacements

Les besoins en remplaçants ne sont pas les mêmes tout au long de l’année ; maladies saisonnières, formations, disparités géographiques sur les territoires… Des réflexions de fond doivent être menées sur ces questions avec les organisations syndicales. Exemple : favoriser des périodes de stage en responsabilité sur les périodes tendues pour des absences prévisibles pour libérer le vivier de titulaires remplaçants sur les absences non prévisibles.

Il faut aussi se poser la question des absences liées à l’épuisement des personnels quand pratiquement tous les temps partiels sont refusés et les demandes de disponibilité contestées. Permettre aux personnels de choisir leur quotité de travail comme ils le souhaitent, sans avoir à dévoiler leur vie privée à leur IEN, c’est aussi participer à une qualité de vie au travail qui maintienne les enseignants dans l’emploi.

Ces demandes doivent être prises en compte dans les dotations du ministère. Sans quoi, il ne faut pas s’étonner qu’une part de plus en plus importante de collègues soient sur des temps partiels thérapeutiques, difficiles à anticiper, à compléter et qui interrogent sur la gestion des personnels dans notre institution.

Mieux informer

Nous constatons un manque d’anticipation au quotidien. Pourquoi aujourd’hui est-il si difficile de communiquer aux directions d’école sur leur boîte professionnelle les noms des remplaçants pour des absences prévisibles (formations, instances syndicales, …). Les outils utilisés ne sont-ils pas obsolètes ? Est-il acceptable d’enlever des collègues sur des remplacements déjà démarrés pour répondre à des situations plus tendues.

Seuls interlocuteurs avec les familles dans ces situations, les directrices et directeurs d’écoles sont souvent en déficit d’information. Elles et ils doivent alors gérer le légitime mécontentement des parents, en particulier quand l’absence non remplacée dure plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

La charte d’information aux familles, annoncée dans le décret du 15 mars 2017 est, et pour cause, restée lettre morte. Elle devait préciser : « le nom de l’enseignant absent et la (les) classe(s) concernée(s), les modalités de prise en charge immédiate des élèves, les modalités du remplacement mobilisable ou mobilisé, la date à partir de laquelle sera mise en place une solution de remplacement, le nom du ou des remplaçants. »

On imagine sans peine à quel point tout cela est de la science-fiction.

Un espoir pour les remplacements ?

Dans certaines académies, les pôles de remplacement testent un nouveau logiciel : andjaro. Il est censé gérer de façon plus rationnelle et donc plus efficace la brigade des remplaçants. Cela dit, même le meilleur des logiciels ne compensera jamais un manque de personnels de remplacement.

Quelques demandes faites :

– recruter les personnes sur liste complémentaire au CRPE => cela a été fait suite à la grève du 13 janvier 2022,

– revalorisation de l’ISSR,

– plus de postes au concours pour abonder le nombre de TR,

– plus d’enseignants que de classes dans les écoles pour permettre une certaine souplesse dans les périodes de tension…