Le dispositif « devoirs faits », une perspective d’avancée ou un retour vers le passé ?

Le dispositif "devoirs faits" annoncé par le nouveau ministre de l'Education nationale pose la question de la place et de l'efficacité de l'accompagnement éducatif dans le système scolaire, et le débat ne date pas d'hier. Réactualisation le jeudi 6 juillet.

Dispositif "devoirs faits" et accompagnement Actualisation du jeudi 6 juillet : Les contours de l’organisation de Devoirs Faits ont enfin été précisés lors d’une rencontre avec le cabinet du ministre le 3 juillet.

Le dispositif doit se mettre en place non plus à la rentrée mais après les vacances de Toussaint en collège.

Il s’adressera aux familles volontaires (estimées à environ 20%). Les intervenants seraient des professeurs en heures supplémentaires, les assistants d’éducation, la réserve civique et les associations labellisées. Des fonctions de coordination avec  IMP ont été envisagées. Le Sgen-CFDT a pointé l’importance de cette mission et la nécessité de la reconnaître réellement soit en  abondant l’enveloppe des collèges en IMP, soit en dégageant des décharges de service. L’annonce du dispositif « devoirs faits » par le nouveau Jean-Michel Blanquer semble nous renvoyer une décennie en arrière avec celui des « orphelins de 16 heures » puis de l’accompagnement éducatif. Pour le Sgen-CFDT, si « devoirs faits » se résume, comme son nom semble l’indiquer à de l’aide aux devoirs type Acadomia ou à des ateliers sans lien avec les contenus pédagogiques de la classe, il risque fort de n’avoir qu’un effet limité sur la réussite des élèves.

Il est essentiel de définir les conditions dans lesquelles ce dispositif pourrait se révéler pédagogiquement pertinent pour les élèves.

Trois travers à éviter

Reporter sur ces heures toute l’aide au travail et l’accompagnement des élèves

Le premier travers à éviter serait le report sur ces heures de tout l’aide au travail et l’accompagnement des élèves, au cœur de la classe ou dans des groupes plus restreints dans le cadre, par exemple, des Activités pédagogiques complémentaires – APC en primaire ou de l’Accompagnement personnalisé – AP et des Enseignements pratiques interdisciplinaires – EPI en collège. On externaliserait hors du temps scolaire ce qui relève aujourd’hui incontestablement de la professionnalité enseignante, et ce serait un retour en arrière inacceptable.

Concurrencer des dispositifs existants

Le second écueil serait celui de la mise en concurrence avec les dispositifs existants mis en place notamment dans le cadre des Projets éducatifs territoriaux – PEDT ou des Temps d’activités périscolaires – TAP.
La réforme des rythmes scolaires a permis dans la plupart des communes une organisation du temps éducatif en lien avec les associations et les partenaires de l’école. Il ne faudrait pas qu’au nom du fait que « l’école doit être son propre recours » on détricote l’existant.
Le problème est identique en éducation prioritaire REP REP+  où l’accompagnement éducatif, toujours en place, permet non seulement l’aide au travail scolaire mais aussi l’ouverture culturelle indispensable à chacun.

Financer le nouveau dispositif au détriment de dispositifs existants

Enfin c’est la question du financement, dans un cadre budgétaire contraint, qui doit interroger : quel moyens seront utilisés ? S’agira-t-il de ceux utiliser par exemple pour les dédoublements et l’interdisciplinarité en collège ? Ou ceux dévolus à l’accompagnement éducatif ? Est-on sûr que ce soit le meilleur moyen de faire face aux difficultés des élèves ?

Cinq conditions de réussite

Pour  le Sgen-CFDT, les conditions de la réussite de ce dispositif sont :
  • une réelle articulation entre le projet d’école ou d’établissement, l’équipe pédagogique de la classe et l’offre éducative de l’accompagnement éducatif,
  • un dialogue privilégié entre l’équipe éducative, l’élève et sa famille,
  • un suivi rapproché de l’offre effective éducatif,
  • une évaluation de la plus-value éducative et pédagogique des activités proposées et la capacité à faire évoluer celles-ci, y compris en cours d’année ;
  • une souplesse d’organisation suffisante pour s’adapter aux besoins des élèves tels qu’ils apparaissent au fur et à mesure de l’année et pour individualiser les parcours, ce qui suppose une souplesse budgétaire