Évaluations nationales : ni généralisation, ni caractère obligatoire

En plus de demander l'abandon du caractère obligatoire des évaluations dans le cadre intersyndical, la CFDT Education Formation Recherche Publiques interpelle le Ministère pour demander la reconnaissance du travail supplémentaire engendré pour les professeurs des écoles concerné⋅e⋅s.

Dans un contexte politique compliqué, le Ministère a décidé de maintenir le déploiement des évaluations nationales standardisées obligatoires du CP au CM2.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques associée à l’intersyndicale dénonce cette généralisation et le caractère obligatoire. Parallèlement, la CFDT demande à ce que le travail de saisie, d’analyse, de retours aux familles et de concertation en équipe soit reconnu et compensé à sa juste valeur.

Des évaluations nationales tous les ans : pour quoi faire ?

En décidant de placer ces évaluations nationales standardisées et normatives tous les ans, le Ministère prétend donner des outils aux enseignant⋅e⋅s. Ces évaluations serviraient à cerner les compétences acquises ou non des élèves. C’est en tout cas la version officielle, car on peut légitimement penser que c’est aussi un moyen de contrôler le travail des enseignant⋅es surtout si la périodicité est annuelle !
Combien de circonscriptions, comme c’est déjà le cas, risquent de mettre la pression sur les équipes pédagogiques des écoles ?

Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, on ne construit pas une politique éducative à coups d’évaluations mais on laisse les enseignant⋅e⋅s, ingénieurs pédagogiques, inventer, adapter, différencier en fonction des difficultés et des réussites des élèves.

C’est le sens du communiqué intersyndical parce que c’est une atteinte à l’autonomie pédagogique des collègues dans les écoles.

6 heures d’APC, ça ne suffit pas !

Malgré la demande d’abandon du caractère obligatoire de ces évaluations, il est fort à parier que le Ministère va s’entêter à poursuivre ce qui était prévu. Pour compenser ce surcroît de travail, il prévoit de déduire 6 heures d’APC (activités pédagogiques complémentaires) pour les collègues concernés.

Pour la CFDT, cette mesure n’est pas satisfaisante. D’abord, elle ne concerne pas tous les personnels. La moitié des directeurs et directrices sont déjà totalement déchargés d’APC.
Ensuite, cette mesure prive les élèves de temps d’apprentissage. Cela s’ajoute à la perte du temps de passation des évaluations, elles-mêmes. Cette mesure est donc en complète contradiction avec les consignes nationales visant à ne pas entraver le temps d’apprentissage des élèves par des formations, des absences ou des interventions extérieures.

C’est pourquoi la CFDT a écrit au Ministère pour demander une vraie reconnaissance du travail engendré, sous la forme d’une rémunération de 9 heures sup OU d’une décharge d’enseignement sur le temps de classe de 9h, au choix de l’enseignant⋅e.

Expliquer aux familles les conséquences de ces évaluations nationales

Face à la communication ministérielle sur l’intérêt de ces évaluations nationales standardisées, l’intersyndicale a souhaité expliquer aux parents d’élèves en quoi elles sont inutiles, coûteuses et éloignées de ce que les enseignant.e.s attendent dans les classes. Un courrier intersyndical à destination des familles sera donc mis à disposition des équipes pédagogiques. Ce courrier rappelle l’écart entre ces évaluations et les pratiques dans les classes et surtout leur inutilité. Les enseignant⋅e⋅s sont tout à fait en capacité de concevoir, produire des évaluations ciblées en direction de leurs élèves, comme ils/elles le faisaient avant l’apparition de ce dispositif en 2018.

Quelques idées d’action

  • Pour les directrices et directeurs, refuser d’aller chercher les livrets d’évaluation sans un ordre de mission.
  • Pour les enseignants d’élémentaire, faire passer les évaluations, mais ne pas saisir les résultats dans l’application.
  • Convaincre les parents d’agir en soutien (courrier intersyndical à venir).
  • Ne pas faire des rendez-vous individuels de compte rendu avec les parents. Mais une réunion collective pour présenter la manière de lire les résultats (pendant la réunion de rentrée).

Évaluation des élèves, pour quoi ?

Des évaluations pour comparer, classer, orienter…

Les évaluations normatives annuelles vont contre la politique des cycles. Par ailleurs, elles vont aussi contre l’idée d’une école inclusive qui doit permettre à chaque élève de progresser à son rythme. En effet, en mettant dès la rentrée une partie des élèves en situation d’échec, ces évaluations excluent. Et cela, d’année en année…

Elles excluent d’autant plus dans la perspective ou elles servent à faire le tri en vue de la constitution de groupes de niveau.

Au-delà de la charge de travail supplémentaire, elles mettent en tension les personnels, pris en étaux entre l’injonction à atteindre une norme et la mission d’inclusion de tous les élèves.

Bref, ces évaluations dessinent bien une école qui n’est pas une école pour toutes et tous.

À quand des évaluations pour informer ?

Pour qu’une évaluation soit utile à l’élève, elle ne doit être ni normative, ni hiérarchisante. Elle ne doit surtout pas être un moyen de tenir sa classe.

Une évaluation qui informe l’élève et lui permette de progresser, de se construire. C’est ce que souhaite la CFDT Éducation pour l’ensemble des élèves. Ainsi, l’élève prend conscience qu’il apprend. Il peut s’émanciper.

Dans cet article, Évaluations en jeu, retrouvez les trois formes d’évaluations proposées par Daniel Favre.