Interview – Pour le Sgen-CFDT, il faut associer étroitement tous les acteurs à la gouvernance…

Les résultats des enquêtes de la CFDT doivent interroger sur les modèles de gouvernance et d’organisation du travail dans l’enseignement scolaire, l’enseignement supérieur et la recherche. Pour le Sgen-CFDT, il faut associer étroitement tous les acteurs : agents, usagers, partenaires...

Franck-Loureiro_Sgen-CFDT, associer étroitement tous les acteurs à la gouvernanceInterview de Frank Loureiro, Secrétaire général adjoint du Sgen-CFDT, en charge du dossier Enseignement supérieur et Recherche.

Que ressort-il des enquêtes réalisées par le Sgen [1] et la CFDT [2] concernant la gouvernance ?

Le sentiment – partagé de la maternelle à l’université – d’une non-reconnaissance du travail transparait dans ces enquêtes. Les agents déplorent aussi un manque de visibilité des consignes, voire l’existence d’injonctions paradoxales qui sont à l’origine d’une véritable souffrance au travail.

Parlons travail - les agents veulent être associés à la gouvernance des établissementsDans l’enquête « Parlons travail », à la question « Vos supérieurs sont-ils soucieux de votre bienêtre ? », 61 % répondent non. D’autre part, 66 % estiment que l’absence de supérieurs ne changerait rien à leur travail, et 28 % pensent qu’il faudrait changer les dirigeants. Enfin, 88 % souhaitent un fonctionnement plus démocratique. 75 % aimeraient participer davantage aux décisions importantes.

Ces données doivent nous interroger collectivement sur nos modèles de gouvernance et d’organisation du travail. Or, les candidats à l’élection présidentielle y vont chacun de leurs propositions, sans dire sur quelles évaluations, quelles études scientifiques ils s’appuient.

Dans ce contexte, le Sgen-CFDT adhère totalement à la position confédérale qui consiste à se dire « Libres mais engagés ». C’est bien ce que nous souhaitons faire dans cette campagne : ne prendre parti pour aucun des candidats mais les interpeler sur les questions d’éducation afin d’apporter aux adhérents des éléments d’analyse pour éclairer leur vote.

Quelles sont les revendications du Sgen-CFDT au sujet de la gouvernance ?

installer une gouvernance par le consensus plutôt que par l'opposition et le conflit Il faut respecter les spécificités des missions, des territoires, des modes de financement, des acteurs et des publics. Nos revendications visent à associer étroitement tous les acteurs : agents, usagers, partenaires.

C’est une manière d’assumer l’héritage autogestionnaire de la CFDT (l’entreprise Lip et son combat) tout en considérant les nouvelles réalités du travail au XXIe siècle. Nous revendiquons une autonomie collective pour améliorer le fonctionnement des établissements, la qualité du service public rendu, et pour permettre l’émancipation des agents.

Si 79 % des sondés de « Parlons travail » pensent que les agents sont plus lucides sur leur administration que les responsables, l’autonomie et la responsabilité leur font peur. Les modèles de comparaison sont souvent défavorables.

Dans beaucoup d’universités, l’ultra-présidentialisation a installé une gouvernance par l’opposition et le conflit plutôt que par le consensus. Il en est de même dans le second degré où le conseil pédagogique est trop souvent vide de sens. Les collègues finissent par renoncer (à jamais ?) à s’investir. Les professeurs des écoles rejettent le modèle d’organisation des établissements du second degré et préfèrent se résigner à l’organisation actuelle de leur école qui les place pourtant sous la coupe directe de l’inspection de l’Éducation nationale de circonscription pour le meilleur ou pour le pire !

Sources :