Vous n'aviez pas pu obtenir de place pour la Conférence du 22 mars 2018 organisée par les Cahiers Pédagogiques ? Voici les notes que j'ai prises pendant la conférence !
Chercheur en sciences de l’éducation à Montpellier, Sylvain Connac développe principalement des recherches sur les thèmes de la coopération et de la différenciation. Comment associer ces deux axes, pour aider tous les élèves à grandir ? Cet objectif de démocratisation est affiché dès le départ.
A Nantes, il a accompagné l’équipe du collège REP+, Sophie Germain, déjà bien engagée dans le travail autour de classes coopératives.
Lors de sa conférence, qui a rassemblé plus de 200 personnes, le chercheur a tout d’abord rappelé la nécessité d’être conscients des dérives possibles de certaines formes de différenciation, et de certains travaux de groupe. Il a ensuite présenté des dispositifs allant de l’aide, au tutorat, en passant par le travail en groupe ou en équipe (lisez le compte-rendu si vous voulez découvrir cette nuance intéressante !).
Une illustration, au sein d’une classe, lors d’un cours de technologie, nous a ensuite permis d’identifier quelques outils et étapes des processus à mettre en œuvre, sur le long terme, pour réellement favoriser l’entraide et les apprentissages pour tous, dans un cadre ritualisé et sécurisant pour chacun.
Télécharger ici ce compte-rendu
Enjeu : Faire grandir tous les élèves
Dès lors que nous nous sommes fixés cet objectif, le premier réflexe sera de différencier. En effet, face à l’hétérogénéité des élèves, si l’on souhaite que tout le monde progresse, il va falloir s’adapter.
« Différencier, c’est avoir le souci de la personne sans renoncer à celui de la collectivité ». (Meirieu, 1989)
« Différencier, c’est faire en sorte que chaque apprenant se trouve, aussi souvent qe possible, dans des situations d’apprentissage fécondes pour lui. Différencier, c’est lutter à la fois pour que les inégalités devant l’école s’atténuent et pour que le niveau monte » (Perrenoud, 96)
Mais une conférence de consensus du CNESCO a récemment montré les limites et dérives possibles de cette différenciation, au travers de 3 risques principaux :
– Une réduction de la demande envers les élèves qui entraine un malentendu cognitif. (les élèves peuvent avoir la pastille verte mais n’ont en fait pas mobilisé les mêmes processus que les autres etc…)
– Un risque d’augmentation des écarts si on constitue des groupes de besoin ou de niveau qui sont toujours les mêmes.
– Un risque d’étiquetage stigmatisant de par l’externalisation de l’aide.
Du coup, il nous faut chercher d’autres pistes. Celle retenue par Sylvain Connac est celle de la coopération pour répondre aux exigences de la différenciation.
Il semble important d’y associer des formes de pratiques coopératives entre adultes également. Des enseignants qui sont d’accord pour mettre en place une classe de coopération, dans une aventure collective. Mais là encore, il ne s’agit pas de figer un dispositif, et d’être conscients des biais de chaque proposition.
Comprendre les enjeux d’enseignement et les activités d’apprentissage propres à chaque forme de travail coopératif
Il s’agit bien de comprendre les différentes formes de dispositifs proposés, au regard de l’activité des élèves recherchée. Ou du moins, d’être capable d’observer ce qui se passe pour les élèves, face à tel contexte collectif d’apprentissage.
Les formes peuvent se décliner autour de deux axes. De relations symétriques (les deux en savent quasiment autant) à des relations dissymétriques entre élèves, et des propositions formelles explicitées par l’enseignant, à des situations informelles, qui émergent de l’activité d’élèves.
Nous retrouvons sur ce cadran différents termes employés parfois sans en connaître totalement les enjeux et les contraintes.
Un exemple de pratiques coopératives et de mise en activité des élèves
Autour de ces formes de coopération, générant des formes de différenciation, S. Connac nous a présenté une séquence de classe, où plusieurs rituels favorisant l’activité coopérative des élèves étaient mis en place.
Les rituels
Constitution aléatoire des groupes.
Phase individuelle avant la confrontation.
Rituel des objets : un triangle (instrument de musique) qui sonne pour récupérer l’attention de tous les élèves / des cartes à jouer pour la constitution des groupes.
Rituel du temps (chaque étape de travail est délimitée dans le temps).
Rituel pour s’assurer de la compréhension de la consigne.
A la fin de la séance : est-ce que la situation en groupe était agréable, était utile? Et ensuite, une phase de mémorisation.
Les valeurs du Sgen-CFDT en phase avec cette approche
On trouve ici des outils qui permettent d’enseigner sans exclure, en ne laissant personne au bord du chemin, en associant une expérience de relation à l’autre et une construction de l’autonomie pensée comme un chemin jamais abouti. Individu et collectif peuvent ainsi se nourrir mutuellement, ce qui rejoint complètement le souci du Sgen d’articuler constamment ces deux dimensions. Chacun doit pouvoir ainsi construire son parcours, par l’autre et pour l’autre.