Université de Nantes, Parcoursup : quel bilan ?

À la rentrée 2017, peu de départements universitaires ont eu recours au tirage au sort. Le gouvernement a pourtant réagi dans l’urgence à l’émotion provoquée par cette pratique marginale mais amplifiée par sa résonance médiatique.

Quand la communication tient lieu de politique et conduit à une relative contre performance

Parcoursup : précipitation et brutalité

Le gouvernement a conçu le dispositif « Parcoursup » dans la précipitation, sans aucune concertation préalable, et l’a imposé autoritairement à parcoursuptoutes les universités avec des délais de mise en œuvre tels qu’il interdisait toute réflexion sérieuse au sujet de ses finalités. Parcoursup relève donc principalement d’une opération de communication.

Le dispositif élaboré reste opaque et complexe pour les familles. Les enseignants n’auront évidemment pas le temps d’étudier sérieusement les dossiers et les lettres de motivation de milliers de candidats. Ce dispositif crée donc des complications inutiles pour les départements universitaires qui disposent encore (mais pour combien de temps ?) de capacités d’accueil suffisantes et il ne résout rien pour les autres. Il était évidemment nécessaire de trouver des solutions spécifiques et des moyens supplémentaires pour les départements qui avaient été contraints de procéder au tirage au sort, mais il est totalement contre-productif d’imposer autoritairement aux autres ce dispositif chronophage et inutile.

La massification de l’enseignement supérieur, un enjeu démocratique

La massification en cours des effectifs étudiants répond à des objectifs annoncés depuis longtemps d’augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur, tant par l’Europe que par la France. Ses conséquences, en revanche, n’ont été anticipées ni par les gouvernements précédents, ni par le gouvernement actuel. Il aurait pourtant été indispensable d’organiser une concertation sérieuse en se donnant le temps de réfléchir à la globalité de l’organisation de l’enseignement supérieur. Celui-ci se caractérise notamment par la juxtaposition de filières qui sont autorisées, par tradition, à effectuer une sélection de leurs étudiants (classes préparatoires, STS, IUT, écoles de santé, d’ingénieurs, de commerce, etc.) et de départements universitaires qui, à l’exception des facultés de médecine et de quelques parcours rares (parcours internationaux), se voient interdire d’effectuer une sélection explicite.

Les bébés de l’an 2000 ont eu le bac : quelle surprise !

Les universités n’ont néanmoins pas reçu de moyens permettant de faire face à la hausse du nombre d’étudiants. Pire, les effectifs des personnels enseignants et administratifs ont souvent décru. Ce n’est donc pas un hasard si le mouvement de cette année s’est d’abord développé dans les universités, notamment mais pas seulement dans les filières soumises à un fort taux de pression, là où les conditions de travail, tant des personnels que des étudiants, se sont singulièrement dégradées.

En septembre, et bien qu’il soit trop tôt pour tirer un bilan définitif de Parcoursup/loi ORE, la situation est loin d’être aussi favorable que ne pourrait le laisser penser la seule communication gouvernementale. Si la suppression du tirage au sort et la mise en place d’un parcours d’orientation dès le lycée permet une réflexion/parcours professionnel, il reste de nombreux points noirs. La complexité de l’enseignement supérieur aurait dû obliger les promoteurs de la réforme a plus d’humilité en tenant compte des stratégies développées par tous les acteurs. De manière incontestable :

  • le processus global a été ralenti ce qui n’a pas été sans poser des difficultés aux familles (pour les choix du logement par exemple…) et aux établissements qui ont dû gérer des inscriptions plus tardives
  • des formations ont eu de la peine à remplir et de nombreux étudiants sont encore sans affectation
  • des étudiants sont sortis du dispositif parcoursup au mois de juillet et sont allés grossir pour certains les rangs de l’enseignement supérieur privé

Il faudra attendre quelques mois pour juger si le taux de démissions en cours d’année d’étudiant(e)s varie

Depuis deux décennies, les gouvernements successifs ne cessent de proclamer leur souci de former la jeunesse pour répondre aux défis des mutations de notre société. Le gouvernement actuel devrait donc reprendre sa copie et ouvrir une concertation susceptible de préparer les réformes indispensables de manière démocratique, intelligente et cohérente, en tenant compte de l’expérience des personnels des universités plutôt qu’en n’écoutant que les avis d’une poignée de technocrates persuadés de détenir seuls la vérité…