Il semble de plus en plus difficile pour les professeurs des écoles de se voir accepter leur demande de temps partiel sur autorisation.
Au moment où nous pouvons ressentir le besoin de partager le travail et d’arrêter de courir, l’administration a comme consigne de limiter les temps partiels sur autorisation dans les écoles.
Vers un refus systématique des demandes de temps partiels ?
Dans une école du Maine-et-Loire, tous les collègues ayant fait une demande de temps partiel (sur autorisation) pour la rentrée suivante ont reçu la même convocation :
« Vous m’avez transmis une demande d’exercice à temps partiel […]. Un premier examen de votre demande au regard de la situation de votre école d’affectation et de la situation des autres écoles du même secteur géographique laisse apparaître des difficultés d’organisation pédagogique si une suite favorable y était accordée. Je souhaite examiner avec vous […] d’autres modalités d’organisation de votre service à compter de la rentrée 2022. À cette fin, je vous informe que je vous recevrai en entretien aux date, horaire et lieu suivants […] ».
Ce rendez-vous avec l’IEN est généralement pour annoncer un refus, et il faudra sans doute se préparer à un recours. Le·la Dasen suit sa circulaire dans un premier temps et lâchera ensuite sur plusieurs situations familiales. Cela fait son petit effet dans la salle des personnels : qui, entre celle qui demande un temps partiel pour pouvoir souffler un peu, celui qui a des enfants encore petits, et celle qui a besoin de son temps partiel pour pouvoir faire du théâtre, est le ou la plus légitime ? Faut-il choisir entre ces trois situations ? La « prise de conscience main sur le cœur », la reconnaissance des efforts fournis par les enseignants après ces périodes de confinements/Covid paraît déjà loin.
Paradoxe insoutenable pour les temps partiels
Au moment où certain(e)s d’entre nous aspirent à une sobriété heureuse, à repenser notre rapport à la lenteur et aux émotions, ou encore à une fin de carrière avec moins d’heures de cours. Au moment où nous pouvons ressentir le besoin de partager le travail et d’arrêter de courir, l’administration a comme consigne de limiter les temps partiels sur autorisation dans les écoles.
Ce n’est pas partout pareil. En Isère ou en Savoie par exemple, en Loire-Atlantique, encore en 2021, la circulaire relative aux demandes de temps partiel tenait compte des situations personnelles des enseignants (enfant de moins de 6 ans, fin de carrière, etc).
Le Sgen-CFDT ne revendique pas la même règle pour tout le monde. Certains de nos collègues sont dans des situations qui les amènent à faire des heures supplémentaires (ou à se les voir imposer…). Notre objectif n’est pas de dénoncer tel ou tel choix personnel, mais de…
Faire en sorte que celles et ceux qui veulent ralentir ou faire autre chose puissent le faire.
Et vous ? Qu’en est-il ? N’hésitez pas à faire remonter vos situations à nantes@sgen.cfdt.fr.
Pour faire un recours
Ce qui vaut le « Nobel »
… à Claudia Goldin ? Ses travaux sur les inégalités salariales hommes/femmes aux US et en Occident.
Celle qui se définit comme une « économiste-détective » a décrit les grandes étapes de l’intégration productive des femmes depuis la fin du XIXe. Selon elle, nous sommes entrés depuis la fin des 70s dans une phase de « révolution tranquille » où les femmes, ayant gagné leur indépendance (contraception, acceptation sociale du divorce), font elles-mêmes leurs choix professionnels.
Pourquoi alors l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes persiste-t-il ? C’est là où Goldin va radicalement « changer la donne » (FMI). L’économiste va montrer que la différence salariale entre hommes et femmes tient à la flexibilité temporelle (temps partiel, horaires moins lourds…) pour laquelle elles optent (volontairement ou non) afin d’élever leurs enfants. C’est ce coût (élevé) que les entreprises font supporter aux femmes.
La solution pour écrire ce que Goldin appelle « le dernier chapitre » de l’égalité salariale : restructurer l’emploi afin d’offrir à tous les salariés — femmes comme hommes — de la flexibilité (ce qui la rend moins coûteuse)… le TT pour tous n’est que le début.
Selon une étude de France Stratégie (avril 2023), 5 ans après l’arrivée du 1er enfant, le revenu d’activité des femmes est inférieur de 20% à celui qu’elles percevraient si elles n’avaient pas eu d’enfant (chez les hommes, 5 ans après le 1er enfant, on constate +5% dans la rémunération)
Pour en savoir plus :
Actions pour le droit au temps partiel en Loire-Atlantique
Temps partiels 1ᵉʳ degré 44 : beaucoup de réponses négatives !
Faire un recours suite à un refus de temps partiel
Notre article sur le temps partiel, la disponibilité, le détachement, le cumul d’activité et congé parental dans le Maine-et-Loire.
Les temps partiels au second degré
Notre article Minute #1 : Temps partiels vs HSA.
Présidentielle 2022 : que disent les candidats sur l’éducation ?