Sans remettre en question, au contraire, les fondements de l’éducation prioritaire (donner plus à ceux qui ont le moins), et son ancrage sur des territoires à aider, la prise en compte de ces écoles dites « orphelines » devrait être pleinement considérée comme une priorité.
Lors de la réforme de l’éducation prioritaire en 2014, certaines écoles ont été sorties de l’éducation prioritaire. Ceci, faute d’avoir un collège de rattachement classé REP ou REP+. On les nomme couramment : écoles « orphelines » ou « isolées ». Dans les Pays de Loire, nous avons beaucoup parlé ces derniers temps de l’école Mandela de Saint Herblain, mais il y a également Brossolette à Saint Nazaire, plusieurs écoles du secteur de Chateaubriant et bien d’autres sur l’académie de Nantes.
Un ajustement au plus près de la réalité de terrain pour les écoles dites « orphelines »
Le Sgen-CFDT des Pays de Loire est particulièrement attentif à ces territoires fragiles. Les militants se sont mobilisés notamment dès la réforme de l’éducation prioritaire en 2014. Cette réforme a donné lieu à des avancées. Avancées par exemple, en termes de travail en réseau, de référentiel pédagogique, et de moyens pour les collèges et écoles des réseaux. Mais elle a aussi eu comme conséquences indirectes, de voir certaines écoles dites « orphelines », sortir de l’éducation prioritaire, faute d’avoir un collège de rattachement classé REP ou REP+.
Des aménagements locaux ont pu être faits à la marge pendant quelques années, et différemment selon les départements des Pays de la Loire. Les CLA (contrats locaux d’accompagnement) relèvent de cette logique. Il n’en reste pas moins que pour plusieurs écoles, accueillant un public dont les caractéristiques relèvent pleinement de la REP+, les moyens attribués sont loin d’être à la hauteur des besoins. Pour illustrer cet écart, en REP ou REP+, les CP sont dédoublés. Ce qui ferait par exemple pour une école accueillant 3 CP comme l’école Mandela, 3 postes supplémentaires. Or, l’académie a positionné sur cette école, dans le cadre des CLA, 1/3 de poste supplémentaire… Nous voyons bien que l’ambition ne peut être la même.
Le sujet des écoles dites « orphelines » porté au nouveau du ministère
Lors de différentes audiences et interpellations au sujet de l’école Mandela de Saint-Herblain, le directeur académique, et le recteur ont rappelé, sans autre considération pour les équipes et parents mobilisés, que ces décisions relevaient du ministère.
Le Sgen-CFDT, conscient des enjeux à venir pour le nouveau ministère de l’Éducation appelle à ce que le dossier puisse être reconsidéré. La carte de l’éducation prioritaire devait déjà être revue en 2019… Il ne serait pas envisageable, pour ces écoles, d’attendre encore 5 ans
Le sujet a été porté par les représentants nationaux du Sgen-CFDT en CTMEN (Comité technique ministériel de l’Éducation nationale) lors de la déclaration liminaire du 8 juin 2022. Nous demandons une révision de la carte, avec une transparence des critères, ainsi que des règles qui puissent considérer le cas des écoles orphelines et des lycées. En voici l’extrait :
« Nous demandons qu’un autre dossier soit rouvert dans le cadre du dialogue social : celui de l’éducation prioritaire.
La carte de l’éducation prioritaire aurait dû être révisée et ne l’a toujours pas été, le ministère est amené à reconduire des mesures transitoires de bric et de broc.
D’autres dispositifs se sont ajoutés sans que la cohérence d’ensemble soit claire. Par conséquent, des situations perdurent alors qu’elles ne sont satisfaisantes ni pour les élèves, ni pour les personnels, nous pensons notamment :
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- aux écoles orphelines, et globalement incapacité à adapter la carte de l’éducation prioritaire aux enjeux du 1er degré, il y a plusieurs écoles Mandela de Saint-Herblain pour lesquels les personnels et les parents d’élèves sont mobilisés pour obtenir les moyens pour mieux accompagner les élèves dans des écoles qui ont toutes les caractéristiques d’un réseau d’éducation prioritaire renforcé,
- à la place des lycées dans une politique d’éducation prioritaire qui reste un impensé, aux enjeux en termes de gestion des ressources humaines pour les agents : indemnitaire qui ne couvre pas tous les personnels concernés, mesures en termes de mobilité ».
Lors d’une nouvelle instance le 28 juin, suite à la demande commune des Organisations Syndicales, le ministère s’est engagé à revoir la carte de l’Éducation prioritaire en 2023. L’école devrait se voir attribuer un poste supplémentaire par le dispositif Cla pour la rentrée. Ce poste, bien que précieux pour l’école, ne suffira pas pour répondre aux besoins soulevés. Et nous continuerons de soutenir l’équipe dans la demande d’intégrer pleinement l’éducation prioritaire.
Mieux reconnaître et soutenir les singularités de chaque école pour s’inscrire dans une visée de mixité sociale et scolaire au collège
Nous notons par ailleurs que parmi les écoles rattachées à un collège REP ou REP+, toutes les écoles ne sont pas forcément REP ou REP+. Cependant, à l’inverse, lorsque le collège n’est pas REP ou REP+, aucune école ne peut bénéficier de ce statut et de ces moyens.
La volonté politique d’aller vers de la mixité sociale et scolaire s’accompagnerait pourtant d’un soutien massif à ces quartiers, où fort heureusement, tout n’est pas encore ghettoïsé.
Pour qu’un collège accueille de la mixité, il faut des écoles à public hétérogène dans son secteur. Et si l’on ne veut pas accentuer les inégalités, il convient de soutenir pleinement les écoles accueillant les publics les plus fragiles. Il est également nécessaire que les collèges aient les moyens d’accueillir et de prendre en charge cette diversité (dont les effets « positifs » ne se décrètent pas…).
Nous ne demandons pas une remise en cause des moyens REP, REP+ actuels (qui correspondent à ce profil de collège). Les axes portés par le référentiel de l’éducation prioritaire, l’attention accordée aux familles, au quartier, aux rencontres, au suivi de l’enfant, à la différentiation, etc, trouvent tout leur sens dans ces quartiers, avec une prise en compte de la maternelle à la fin du collège. Au contraire, nous demandons à ce que quelques écoles dites « orphelines » puissent également en bénéficier.