Le Sgen- CFDT Pays de la Loire donne la parole aux acteurs de l'éducation prioritaire.
Épisode 3 : Une coordonnatrice de réseau REP.
Entretien avec B. Brunault, coordonnatrice du réseau REP, de Saint-Herblain.
Entretien avec une coordonnatrice, en réseau REP à Saint-Herblain
Bénédicte Brunault, est actuellement à mi-temps, professeur des écoles à Saint-Herblain (école hors réseau), et à mi-temps coordonnatrice du réseau REP de la même commune.
Après avoir été professeure des écoles, dans différentes écoles, dont une période en éducation prioritaire dans la banlieue parisienne, elle a choisi de se lancer dans ce projet de coordonnateur.
B. Brunault nous apporte son point de vue sur ses missions, qu’elle assume depuis 3 ans.
Pourquoi évoluer vers ce poste de coordonnateur ?
J’avais la volonté de travailler autrement, de découvrir différemment mon milieu, de rencontrer de nouveaux acteurs.
Et revenir dans l’éducation prioritaire, où j’avais travaillé en début de carrière, était une chose qui me motivait.
Comment définiriez-vous votre fonction de coordonnateur ?
Je suis là pour créer du lien, impulser des actions et accompagner les acteurs, pour leur permettre de travailler ensemble.
Il s’agit aussi d’être force de propositions, en tenant compte des attentes, des besoins et possibilités des équipes. L’objectif est de réunir, de mettre en dynamique et d’inscrire les différentes actions en cohérence sur le Réseau d’Education Prioritaire. Cela se fait autour d’un projet de réseau qui s’écrit, se construit, se réfléchit et évolue en s’ajustant régulièrement aux attendus.
Je suis aussi amenée à faire de la « bureautique« , pour gérer les projets et les accompagner.
Quelles richesses apportent ce rôle de coordination pour le réseau ?
Le travail avec l’ensemble des partenaires qui permet d’avoir une vision large et assez complète sur l’ensemble des acteurs de la communauté éducative
Il y a bien évidemment le collège. École et collège ne travaillent pas sur les mêmes espace-temps, n’ont pas tout à fait les mêmes réalités de travail. Il est très intéressant de comprendre ces deux fonctionnements, pour aider à lever les implicites, les incompréhensions qui peuvent parfois émerger.
Il y a aussi l’ensemble des partenaires, hors Éducation Nationale. Comme la mairie, les partenaires du quartier… Ces regards croisés amènent une prise de distance, et un nouveau point de vue sur certaines problématiques. Ces apports permettent d’enrichir et d’affiner les actions. L’objectif étant de rester au plus proche des besoins de la population.
Quels sont pour vous les obstacles à votre mission de coordonnateur?
La première limite est le manque de temps.
Sur un mi-temps, il est difficile d’être en présentiel, dans tous ces lieux, de prendre le temps de rencontre et d’échanges avec chacun des acteurs. Les rencontres se font souvent sur les temps d’un midi, des récrés, après la classe…
Il faut pourtant se faire connaître, se déplacer pour avancer ensemble. Les échanges de mels ne suffisent pas. La présence est essentielle, cela demande du temps et une organisation.
Entrer dans les écoles même quand on est attendu n’est pas toujours facile. Il me faut ajuster mes arrivées sur les temps d’ouvertures au public ; les écoles n’ont pas de concierge contrairement au collège et plus d’EVSD (employés de vie scolaire attachés à la direction) depuis cette rentrée. Avec le plan vigipirate la sécurité est renforcée et il m’arrive de me heurter à des portes fermées avec des collègues en classe qui n’entendent pas l’interphone. Après la classe, c’est fermé et c’est le même problème.
Et en REP, contrairement aux REP+, il n’y a pas de temps de concertation dégagés pour ces échanges et bilans, donc moins de temps posés pour se connaître, construire ensemble, échanger et partager.
Un ancrage local pour répondre aux besoins des acteurs
Si la mission du coordonnateur est parfois un peu floue, cela peut aussi être un atout. Les modalités d’organisation, de projets, de communication, se font au regard des réalités propres à chaque réseau, et de la sensibilité des acteurs.
Dans les écoles et collège « Je suis toujours partout attendue et bien accueillie ; on me sollicite aussi régulièrement »
Les échanges et le travail avec l’équipe de circonscription et le Principal ou son adjoint sont très réguliers également. Le coordonnateur est à mon sens un vrai maillon entre chacun des acteurs.
L’importance de formations et de partage inter-réseaux
Les temps de formation académique de coordonnateurs, que nous avons depuis deux ans, sont, également très riches. Ils permettent de confronter nos expériences, partager nos difficultés et nos réussites. Ils permettent d’assurer aussi une dynamique académique
Pour le Sgen-CFDT, ce rôle de coordonnateur doit être considéré comme une vraie ressource. Il permet de faire vivre ces réseaux d’éducation prioritaire, autour d’un projet co-écrit par les acteur. En outre, les missions, et la légitimité du coordonnateur, doivent être reconnues et renforcées auprès de l’ensemble des équipes (direction et IEN compris). Le Sgen-CFDT revendique également des temps de décharge ajustés à l’importance du réseau, et de possibles associations entre PE (professeurs des Écoles) et PLC (professeurs lycées collèges) pour assurer ces fonctions.