Aujourd'hui, tous les collectifs ont à faire face à une perte de sens. En holacratie, toute structure se définit par sa raison d'être.
La raison d’être en holacratie, c’est la réponse à la question suivante: « Et si votre organisation disparaissait, que perdrait le monde ?« . Question abrupte, s’il en est, mais salutaire. Brian Robertson pose la question sous cette forme: « Vu le contexte actuel, les ressources, talents et capacités à notre disposition, les services que nous proposons, quel est le potentiel le plus profond que votre collectif peut aider à créer ou manifester dans le monde? ». Une fois qu’elle est définie et explicite pour tout le monde dans l’organisation alors la confiance peut être établie autour de ce pour quoi nous sommes là. Nous pouvons alors examiner chacune de nos décisions à la lumière de notre objectif commun. Pour la CFDT, cet objectif c’est la justice sociale. Pour le syndicat Sgen-CFDT, il s’agit de faire vivre les valeurs de la CFDT dans l’éducation nationale. Pour retenir ou contester une proposition, on ne se fixe plus sur les ressentis et les affects mais sur les raisons qui feraient que cette proposition nous amènerait vers cet objectif ou au contraire nous en éloignerait.
Une perte de sens
Burn-out, brown-out, bore-out, ces mots sont entrés progressivement dans le vocabulaire du travail depuis 2010. Le nez dans le guidon, 30 mails de retard en permanence ou au contraire une organisation dans laquelle on n’a rien à faire. Des tâches que nous sentons contraires à nos valeurs, de l’infantilisation, peu de consultation sur les changements qui impactent notre travail, nous finissons par perdre le sens de notre présence au boulot. Laurent Berger parle de fatigue démocratique au sujet du syndicalisme et de la difficulté à trouver des militants. En politique, les partis sont en miettes, pour l’instant agrégés par le mouvement En Marche qui s’est agrégé autour d’une personne, mais jusqu’à quand ? Bref, la plupart des collectifs ont perdu leur boussole et sont en quête de sens.
Dans les établissements scolaires, les symptômes sont de plus en plus flagrants. Une question revient régulièrement au syndicat: » qu’est-ce qui se passe si on ne présente pas de liste ou si on démissionne du CA? ». À quoi bon faire partie d’une coquille vide dont les décisions sont prises ailleurs ? Autre exemple : le grand malentendu qui persiste au collège. Est-ce que nous nous fixons comme objectif principal, comme raison d’être de former un maximum d’élèves à un socle commun pour être citoyens ou de préparer un maximum d’élèves à entrer au lycée général ? Quelle salle des profs a déjà pris le temps de fixer cette priorité de manière explicite? La réponse à cette question a pourtant des implications fortes et ne pas y répondre encouragera implicitement à retenir la solution la plus confortable…
Retrouver la boussole
Au Sgen, notre raison d’être est claire depuis longtemps : défendre à la fois les conditions de travail des personnels et les conditions d’apprentissage des élèves (le service au public) en proposant des outils pour dépasser ce qui semble parfois contradictoire. Il est écrit dans le préambule des statuts de notre fédération: « La fédération des Sgen-CFDT, partage les deux objectifs principaux de la CFDT : l’émancipation individuelle et collective et la construction d’une société plus juste et plus démocratique ». Récemment à la une de CFDT magazine, on pouvait lire: “notre boussole c’est la justice sociale”. Ainsi, le slogan « Des choix des actes » était un slogan précurseur. Mais nous n’avions pas vraiment l’outil. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe et qu’il pourra nous être d’une double utilité: donner du sens à la fois à l’action syndicale et à l’énergie qu’on vient mettre dans notre travail. Nous pourrons ainsi continuer à tracer notre sillon vers une vision du travail comme lieu potentiel d’épanouissement et d’émancipation.
En holacratie, la raison d’être est explicite et c’est à l’occasion de chaque projet, chaque action que nous pouvons vérifier si nous sommes en phase avec les objectifs fixés au départ. Pour ce faire, on utilise les réunions de triage et de gouvernance.
La suite : Holacratie #3 : Des réunions plus courtes et efficaces