Neurosciences, pédagogie et syndicalisme

Pourquoi le Sgen-CFDT Pays de Loire organise des journées de formation aux neurosciences ? Cédons-nous à une mode éphémère ? Faut-il y voir un soutien à notre ministre ? Notre intention est plutôt d’incarner un syndicalisme qui se préoccupe du travail réel. Explications.

Notre intention

Le lien à faire entre pédagogie et syndicalisme est finalement assez simple. Le Sgen-CFDT est convaincu d’une chose depuis sa création : la pédagogie est intimement liée à nos conditions de travail. Elle n’est pas le seul facteur à prendre en compte, un climat de travail est multifactoriel mais nous sommes convaincus que réfléchir à sa manière d’enseigner et à la manière d’apprendre des élèves aura probablement une influence sur la qualité de vie au travail. 

Descendre du vélo pour se regarder pédaler

Les neurosciences ont ceci d’enthousiasmant qu’elles viennent confirmer des choses que l’éducation nouvelle et d’autres avaient découvert intuitivement et/ou par expérience. 

S’il ne fallait retenir qu’un exemple, je prendrais celui du postulat d’éducabilité qui a été confirmé par le concept de plasticité cérébrale. Il est désormais prouvé que tout ne se joue pas avant 6 ans, comme le prétendait un best-seller de 1970. Le cerveau arrive “à maturité” vers l’âge de 25 ans et continue d’évoluer ensuite. On peut alors faire le lien avec une vieille revendication de la CFDT : la formation tout au long de la vie !

Le cerveau du chat

Autre exemple : on sait désormais que cognition et émotions sont intimement liées. Certaines personnes défendent l’idée d’un enseignement explicite et neutre. Or, il est démontré à travers l’étude du fonctionnement du cerveau que les émotions sont indissociables de l’apprentissage ! On enseigne ce qu’on est et on retient mieux des informations à forte teneur émotionnelle (agréable ou désagréable).

Un dernier pour la route : personnellement, mes pratiques de classe ont considérablement évolué (et même ma vie personnelle) depuis que nous avons invité Daniel Favre à Nantes pour qu’il nous fasse découvrir les résultats de 30 années de recherche. Avec notamment la découverte bluffante des trois systèmes de motivation qui nous amènent à beaucoup mieux comprendre la violence de certains élèves. Cette violence fonctionnant comme une addiction.   

Neuromythologie

Les neurosciences peuvent aussi venir bousculer des préjugés en apportant des savoirs contre-intuitifs. On appelle cela les neuromythes. Par exemple on entend parfois qu’on n’utiliserait que 10% de son cerveau. Eh bien c’est inexact ! 

Les femmes seraient capables de faire plusieurs choses en même temps et seraient plutôt “cerveau gauche” ? Un mythe de plus !

Les intelligences multiples séduisent aussi beaucoup. Si elles sont intéressantes pour envisager différentes entrées dans les apprentissages, elles ne devraient pourtant pas enfermer dans un type de personnalité ou de fonctionnement. De la même manière, il n’y a pas d’élèves visuels ou auditifs. Il y a des capacités cérébrales et des conditions de vie différentes selon les personnes mais pas de prédétermination génétique de ce type. 

Toutes ces découvertes peuvent venir nourrir très concrètement les pratiques de classe et les apprentissages. Il serait dommage de s’en priver : outre qu’elles bénéficient d’abord aux élèves les plus en délicatesse avec les apprentissages, réduisant ainsi les inégalités, elles contribuent aussi à un climat scolaire apaisé qui participe d’une meilleure qualité de vie au travail.

Voilà pourquoi le Sgen-CFDT continuera de proposer des formations « Neurosciences ».