Pour que l'inclusion ne reste pas une ambition qui tarde à se concrétiser, l'état doit lui donner des moyens. Voici donc un état des lieux, des outils et les revendications du Sgen-CFDT Pays de Loire.
Le Sgen-CFDT Pays de Loire a organisé le 12 janvier 2019 une réunion d’information syndicale (RIS) sur l’inclusion et l’accueil des élèves à besoins particuliers.
Les 3 heures sont vite passées et la RIS sera suivie d’une journée de formation syndicale le vendredi 3 mai pour mieux présenter les outils et les expérimentations.
Inclusion scolaire : quelques outils pour vous aider
Le Sgen-CFDT a de nombreuses revendications afférentes à la mise en place de l’inclusion (cf. paragraphes ci-dessous). Cependant, pour vous aider d’ores et déjà avec les moyens actuels à inclure les enfants difficiles, ceux présentant des troubles dys, de grandes difficultés ou les enfants handicapés, voici quelques outils.
Sites ressources
Plusieurs outils pour mettre en place de la coopération entre élèves
Le dispositif sentinelles (contre le harcèlement scolaire)
Un outil pour réguler le bruit en classe et gérer le temps
Accueillir un enfant différent
Une mine de ressources en EMC (Enseignement Moral et Civique)
Lectures
Personnalisation des apprentissages par Sylvain Connac
Article sur l’inclusion des Cahiers Pédagogiques
Un document bien fait sur les Troubles Spécifiques des Apprentissages (troubles dys) de l’IA de l’AIN (repérer, aménager)
Rapport de juillet 2015 de l’OCDE : Vers un système d’éducation plus inclusif en France ?
Vidéos
Une petite vidéo pour expliquer le fonctionnement du cerveau aux petits
Trisomie 21 : des besoins spéciaux, vraiment ?
Alerte sociale de 2018
L’an passé, le Sgen-CFDT a déposé une alerte sociale autour de l’inclusion scolaire. Il dénonçait les conditions de mise en place de l’accueil des enfants porteurs de handicap, mais aussi des enfants à besoins particuliers notamment des enfants allophones. Les choses n’ont pas trop évolué. Les enseignants n’ont ainsi pas la possibilité de travailler correctement.
Aujourd’hui les personnels n’ont en effet pas la possibilité d’accueillir les enfants à besoins particuliers dans de bonnes conditions. Ils ne peuvent donc pas dispenser les enseignements correctement avec toute la bienveillance nécessaire.
Le Sgen-CFDT revendique :
- la nomination d’un accompagnant dès la notification MDPH et des moyens humains et matériels suffisant.
- de la formation pour tous les acteurs de l’inclusion.
- du temps pour échanger, analyser et construire les projets d’inclusion.
- des emplois pérennes et complets d’AESH.
- un recensement des ressources existantes méconnues ou mal réparties.
- une gestion et une optimisation des besoins au plus près du terrain.
- une coopération entre l’éducation nationale tous les partenaires médico-sociaux publics ou libéraux (orthophonistes, psys, ergothérapeutes, …).
- une personne ressource handicap dans chaque école ou établissement.
Inclusion scolaire : une ambition qui tarde à se concrétiser !
A l’instar de beaucoup de pays européens, la France a pris en 2005 la décision de mettre un dispositif ambitieux visant l’inclusion de tous les élèves en situation de handicap au sein des écoles.
13 ans après, on est loin du compte !
La faute sans doute à des décisions politiques qui ont pesé sur les choix en matière notamment de recrutement des personnels, mais aussi dans le suivi et l’accueil de ces enfants.
En 2018, malgré les fausses annonces des Ministres (recrutement de 11 200 postes d’AESH – AVS mais suppression de 15 000 contrats aidés), les enseignants sont au bord de la rupture, épuisés entre les injonctions d’inclusion, d’accueil d’enfants et le manque de considération et d’accompagnement.
Des effectifs qui ne cessent de croître du fait des CP à 12 qui mobilisent les moyens de l’école primaire !
Et pourtant, les arrivées, légitimes, d’enfants avec des besoins spécifiques sont de plus en plus nombreuses dans les écoles. Elles viennent percuter des effectifs accrus dans les classes particulièrement en REP +. En effet, l’arrivée des CP à 12 et demain leur extension au CE1 mobilisent des moyens humains importants. Tout cela, c’est autant de personnels enlevés à l’ambition de l’école inclusive et au soutien de son dispositif dans toutes les écoles de France. En effet, disposer de maîtres en plus dans toutes les écoles de France, c’est disposer de personnels qui vont soutenir l’inclusion au quotidien, la faciliter ! Le Sgen-CFDT défend encore et toujours le dispositif « Plus de maîtres que de classes ».
Une lourdeur administrative donc des AESH – AVS qui tardent à arriver !
Ce qu’attendent avant tout les enseignants, c’est d’obtenir des réponses à leurs interrogations ! Accueillir un enfant à besoins particuliers ne s’improvise pas et demande un minimum d’informations préalables, de formations. L’institution semble faire croire que tout se passe bien, que les enfants sont intégrés, que les collègues ont les moyens de mener à bien cette mission. C’est bien mal connaître leur quotidien, leur isolement en la matière. Entre les lourdeurs administratives pour la constitution des dossiers, les réunions d’équipes éducatives multiples, la bienveillance apportée au suivi des enfants, les enseignants sont aujourd’hui saturés, et ce, malgré leur volonté de bien faire.
Ils attendent notamment de pouvoir bénéficier de l’arrivée des AESH-AVS dès la notification par les MDPH. Cela se fait au plus tôt deux mois plus tard actuellement et ce, faute de recrutement de la part de l’administration. Dès lors comment développer une inclusion sereine quand les décisions prises collectivement ne sont pas appliquées à l’arrivée de l’élève ?
Un manque criant de formation au suivi des enfants à besoins particuliers !
Il en va aussi de la formation des collègues. Inclure un élève, lui apporter un soutien particulier ne s’invente pas. L’Institution compte trop souvent sur la bonne volonté des personnels et leur capacité d’adaptation.
Pour le Sgen-CFDT, cela ne peut suffire.
Chaque enseignant doit disposer d’un temps spécifique pour se former, préparer et surtout travailler collectivement, en équipe de professionnels, à l’inclusion d’élèves à besoins particuliers.
L’école inclusive demande du temps de concertation collectif !
Il s’agit bien de construire un parcours à cet élève, un parcours qui sera constant tout au long de sa scolarité et qui se transmettra. Il ne peut donc être le fruit seulement de l’enseignant qui accueille l’enfant dans sa classe. C’est ainsi un travail collectif dans les équipes au sein des établissements qui doit être mené. Pour faire cela, les enseignants doivent disposer de temps pour partager un projet, le construire. Dialoguer, c’est donner les moyens aux équipes de répondre plus facilement à des situations particulières et de faire face collectivement à des difficultés.
Disposer enfin d’un plateau technique pour soutenir les enseignants
Pour le Sgen-CFDT, il faut cependant aller beaucoup plus loin. Il faut ainsi installer dans et autour des établissements des plateaux techniques afin d’aider les élèves au quotidien. Ces personnels seraient également un soutien très important aux équipes qui auraient ainsi le sentiment de ne pas être seul, délaissé par leur Institution.
Pourquoi alors ne pas disposer dans les écoles d’éducateurs spécialisés, d’éducateurs de jeunes enfants, d’orthophonistes, de psychologues en nombre plus important ? Cette réflexion n’est pas nouvelle. Mais la réponse que donne le Ministère est que ces personnels, présents dans les établissements médico-sociaux, sont aujourd’hui dépendants des financements du Ministère de la Santé. Les fonds ne sont-ils pas transférables, modulables ? Cela doit changer, car au bout du compte, ces fonds proviennent des mêmes caisses, le budget de l’État. Il serait enfin temps que les Ministres mobilisent ensemble des fonds communs pour faire de l’inclusion une véritable cause nationale, et ce, au-delà des beaux discours et des belles intentions.
Le Sgen-CFDT attend donc des actes au profit des enfants et des personnels. Il attend des actes au bénéfice des conditions de travail de tous.